Page du 7 novembre 2017 jour des chiens morts
Mon dernier chien est mort… Quand je me promène, seul à présent dans le maquis de l’Estérel, là où Victor Hugo voyait mourir dignement les Alpes dans la mer, je lui parle encore… Comme avant… Je n’en suis même pas conscient jusqu’à ce qu’effrayé, je m’arrête. Je me retourne et je crois voir l’éclair d’une fourrure fauve. Mais le sentier est désert, buissons rabougris, pierres sèches… Pourtant, je ne m’étonne pas d’entendre craquer les branches mortes sous la pression souple de ses pattes. Où la petite âme canine peut-elle errer ailleurs que sur mes traces ? C’est un fantôme amical qui ne ferait de mal qu’à une mouche.
Gitane, Gipsy, mes braves chiens… Ma tête réinvente vos trottinements, l’éclat de vos poils. Tant que je vivrai, vous suivrez mes traces invisibles avec faim et impatience. Un chien est un sixième sens. Quand il meurt, on se sent amputé. Il vous manque quelque chose d’irremplaçable. La plus grande peur dans la vie d’un chien c’est que son maître le laisse seul et quand c’est le chien qui s’en va, le « maître » est désespéré... Je suis un chien… à distance.