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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 17 avril 2018 jour de libération

Denis Vallier

      Comme un chien après sa queue je tourne ridiculement en rond à la recherche de ce que je suis « réellement ». Je tourne et retourne comme lorsqu’on passe par les affres d’une crise de coliques néphrétiques (ceux qui sont passés par là me comprendront). Mais un jour, lassés de tourner autour du pot, prenant le taureau ou n’importe quelle autre bestiole par les cornes, on se met en quête d’approfondir le trou formé, d’aller au bout des choses. « Qui » quête alors?...

      L'ego. C'est-à-dire ce que nous sommes en cet instant: ce que nous croyons être... et qui nous encombre ! Simultanément, nous nous confortons, peu à peu, dans cette certitude que nous ne sommes pas réellement cela. Dès lors, la notion de « libération » commence à prendre sens... Tout en sachant que ce n'est là encore que projection, comme fruit de méditations analytiques soutenues elle sera de nature à nous insuffler puissamment se muant en certitude absolue. Cela, notre mental nous le permet à condition d’y consacrer un peu de temps quotidiennement ce qui n’est pas donné à tout le monde. L’esprit devient alors le champ d'une expérimentation d'un type nouveau : au lieu de n'être que le théâtre de nos projections, il devient le siège de l'attention, de l'observation, d'une distanciation face à nos vains et risibles dialogues intérieurs. En ce monde de brutes et de bruits, les vertus de ce genre de méditation ne feront que se valoriser. Et c'est en ce silence là, ouvrant sur un tumulte d'une autre nature, que peut s’accomplir ce long travail de dénouement dont notre vie de tous les jours témoignera alors sans cesse... Fondamentalement, rien ne sera changé, on le sait bien. Sinon l'attitude intérieure, et cela fait tout la différence : c’est considérable !

Page du 17 avril 2018 jour de libération

      Réfléchir, méditer, c'est bien, très bien… bravo ! Mais pour vraiment se connaître, et pour ensuite opérer un véritable changement en soi, cela ne suffit pas forcément, il faut gratter plus loin encore du côté des motivations, de l'autre côté du rationnel, vers les mauvaises raisons, frapper à la porte de papa Freud pour savoir comment ça se passe dans nos bas-fonds, comment on en vient à fabriquer de bonnes raisons pour enfouir ses mauvaises raisons occultant ainsi les motivations profondes qui font que l’on se laisse aller à ne pas faire ce que l’on voudrait vraiment quand on y réfléchit. Quand la suspicion s'installe au cœur même de la raison, que mes raisons volent en éclat, alors seulement je sens poindre un petit courant d’air de liberté prêt à m'emporter vers de nouveaux horizons. Mais, Icare du pauvre, du labyrinthe puis je me libérer ? Illusion suprême que de prétendre s'en échapper ?

Page du 17 avril 2018 jour de libération

      Pour envoyer le plus loin possible une balle de golf, il faut ne pas le vouloir à tout prix et faire confiance à son matériel et à la technique. Sinon on se crispe et l’on rate lamentablement son coup. Ne pas vouloir pour vouloir… Il faut être moine bouddhiste ou maharishi pour jouer au golf. De même, l’attitude propice en toute circonstance et en particulier dans la perspective de l’amélioration de sa personne, c’est peut-être la disponibilité sans préméditation, c'est voir sans vouloir mais avoir voulu quand-même puisque nous avons vécu le moment avec toute notre disponibilité, en présence et en acte. Se faisant nous ne nous changeons pas, nous nous occupons différemment, œuvrant en soi, préparant le terrain : le changement, si changement il y aura, s'opèrera inopinément, à l'improviste.

      Ainsi donc, il est essentiel au départ de connaître le but (surtout pour les footballeurs). Notre mental, notre ego, en a soif. Il faut le nourrir, en conscience. L’essentiel est que ce but soit en cohérence et en tous points satisfaisant. Toutefois, il est clair dès le départ qu'il ne saurait se concrétiser d'aucune manière qui soit accessible à notre entendement, aucune image, aucun concept. Cette libération ne saurait donc se concevoir en tant qu'objectif à atteindre: le but est donc inclus dans le chemin ! Partant, ce chemin n'a aucune direction particulière: c'est la pleine acceptation de notre état d'ignorance et de candide fraîcheur.

      L’affaire est ironique en soi. Tout se passe comme si nous nous jouions une bonne blague, une farce dont nous serions les dindons ! Mais trop, c'est trop... non? Peut-on se leurrer soi-même aussi aisément que cela en a l’air ? N’est-ce pas tenter bêtement de se faire rire en se chatouillant ?

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