Page du 13 octobre 2018 jour sans pastis
Peu importe à quelle époque on naît, on finit toujours par la quitter, mais c’est un privilège extraordinaire que d’être né à notre époque : outre le spectacle d’une prodigieuse explosion technologique et démographique nous avons un ticket pour assister à l’Armageddon en étant placés aux premières loges. C’est comme être nés au tout début de l’Histoire, au moment clé. Une grande catastrophe nous menace donc à plus ou moins long termes. Dans un premier temps, l’effet de serre va entraîner plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère et donc plus de précipitations brutales et destructrices. On pourrait se dire après nous le déluge, mais quand le ciel ne se déverse pas d’un seul coup sur nos têtes pour retourner violemment vers la mer en arrachant tout sur son passage, la pluie manque le reste du temps sur les terres. On a commencé modestement par la guerre du feu puis on s’est battu pour la terre, on terminera par la plus sanglante celle de l'eau alors que, pour sauver la planète, il suffirait que quelques-uns de mes amis se mettent au whisky sec et laissent tomber le Ricard et leurs chants des pastisans. Pendant ce temps c’est Gaïa qui trinque. La donnée à considérer, c’est que la vie sur Terre est plus proche de sa fin que de son début puisque dans un milliard d’année, il n’y aura plus d’eau liquide sur notre planète, fini le pastis ! Un milliard d’années, ça fait court… L’humanité survivra-t-elle ? Non !… La réponse est simple et concise mais aucun langage, philosophique ou même théologique, n’est vraiment à la hauteur d’une telle question (!)
En fait, depuis des lustres, l’homme tente de se représenter la fin du monde qu’il traîne comme un boulet. Tout le monde en parle, l’apocalypse est dans la Bible tout comme dans les tableaux de Jérôme Bosch ou Terminator et toute une flopée de romans nous expliquent en long et en large comment l’humanité va finir en pâté pour chiens. Saint-Paul écrivait déjà aux Hébreux : « Car nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. ». N’oublions jamais en effet que nous risquons de plonger l’humanité dans la mort, la destruction et la grillade, brutalement si nous jouons avec l’énergie atomique, plus lentement si c’est avec l’effet de serre. Depuis la guerre froide, nous nous sommes tellement habitués à leur proximité que nous n’en percevons plus la menace et que nous ne ressentons pas la chaleur monter comme la grenouille dans son bain que l’on met à cuire à petit feu. Pourtant, depuis que nos plus brillants cerveaux au sommet de leur art ont inventé la bombe atomique, on peut se détruire tout seuls, comme des grands, s’en avoir à demander l’aide de Dieu ou du Diable, sans attendre que cela vienne naturellement. Les Témoins de Jéhovah voient dans la mort du Christ un événement apocalyptique annonciateur d’une fin proche pour l’humanité : selon eux, Dieu a un plan pour nous et forcément, il s’y tiendra car il n’est pas du genre à se remettre en question. Régulièrement leurs prévisions capotent, mais c’est évidemment à cause de simples erreurs de calculs… Ne rigolez pas avec ça, ils finiront par avoir raison ! De toute façon, le futur a besoin de l’Apocalypse et nous nous devons de l’intégrer à notre présent autant individuellement que collectivement : cela met en perspective nos problèmes de digestion et nos divergences mesquines.