Page du 15 octobre 2018 jour des horloges.
Nous vivons dans l’inquiétude tout en redoutant le calme plat. Si nous n’avons pas de problèmes, pas de soucis, nous nous en créons car toute menace est porteuse d’espérances. S’il n’y avait pas de menace, si tout allait bien sur terre, alors il n’y aurait pas de place pour le changement et qui n’avance pas recule dans ce monde en perpétuel mouvement. En temps de crise, notre imagination est prolifique. Non seulement nous avons à résoudre des problèmes pratiques et techniques, mais nous avons à inventer un nouveau mode de vie. Les pires dangers que nous ayons à affronter alors, sont notre pessimisme et notre manque d’imagination. Ayons donc un minimum de confiance dans nos capacités : dans les glaces du Spielberg, cent millions de graines remercient Bill Gates et patientent. En s’attendant au pire elles espèrent le meilleur. Pour défier le temps et permettre aux pharaons de lui survivre, les Égyptiens ont élevé leurs colossales pyramides, nous, nous avons creusé un trou très profond au Texas pour y installer une horloge signée Jeff Bezos capable de carillonner sur des bols tibétains pendant 10 000 ans sans jamais jouer deux fois la même mélodie… Elle tire son énergie des variations de température quotidiennes. C’est la contribution d’Amazone au bien être de l’humanité future… Elle est tout aussi absurde que les pyramides, mais le son est joli.
Nous sommes biologiquement bloqués par une logique de pensée à court terme. Si l’on est persuadé que l’on ne va pas vivre bien longtemps et que nos responsabilités ne s’appliquent que sur une courte période, on ne peut être vraiment responsable. En bravant notre nature, notre première préoccupation devrait être de devenir de bons ancêtres. Le constat est simple à établir : la donnée de base, c’est que nous ne croyons pas un mot de ce que nous savons des catastrophes qui nous menacent : pour notre petite personne, tout se passe bien et nous ne serons plus là quand les choses tourneront vraiment au vinaigre. Nous ne parvenons pas à transformer notre connaissance objective en croyance subjective qui nous permettrait d’agir au quotidien. Nous avons besoin d’imaginer que notre destin est une catastrophe mais dans le même temps nous ne prenons pas conscience que nous avons la liberté de refuser ce funeste destin.
Si nous avons inventé l’Apocalypse ou Halloween et si nous y tenons, ce n’est pas sans raison : c’est que nous en avons besoin, que c’est bon pour nous, mais qu’est-ce que l’on fait ? On attend le déluge ou que les choses s’arrangent toute seules en priant Dieu ? On regarde des séries télévisées où les morts-vivants se multiplient comme des petits pains ? Où les rares survivants s’en sortent toujours miraculeusement ? Effectivement, le meilleur moyen de ne pas se précipiter vers le chaos est de réaliser que la fin du monde est imminente, mais c’est surtout d’agir collectivement en conséquence et non pas de nous complaire dans nos fantasmes en nous plaignant de la météo. Politiques et responsables, agissez ! Nous, on commence par ne plus jeter nos cotons tiges et nos mégots dans la nature. « L’horloge de l’Apocalypse » mise en place par de nombreux prix Nobel indique minuit moins cinq… à peine le temps de boire un dernier café. Après tout, la fin des temps, ce sera un début pour autre chose, mieux vaut se tenir d’attaque.