Page du 20 octobre 2018 jour des Séleucides

      On a longtemps cru que les auteurs des textes bibliques qui rapportent l’apocalypse étaient des marginaux, de précoces amateurs de science-fiction sans aucun pouvoir. Ils auraient accompli, sous le coup d’une impulsion, un acte gratuit. Mais si on y regarde d’un peu plus près il apparait au contraire qu’ils maîtrisaient parfaitement la politique locale, les relations internationales, les dynamiques régionales. En fait, ils étaient des acteurs de la vie politique de leur époque. C’est pendant que Jérusalem subissait l’occupation des troupes séleucides au 2^ème siècle avant JC et pendant que la ville traversait une difficile période de totalitarisme que l’apocalypse est apparu en tant que genre littéraire. Elle est à considérer comme un appel à résister à l’envahisseur, un moyen de permettre au peuple de Jérusalem et de Judée d’entrevoir un futur par-delà la terreur. Elle leur apportait un peu d’espoir au travers de symboles qui permettaient de dépasser une réalité terrible, de ne pas la considérer comme une fatalité. La façon dont ses visions sont décrites est censée choquer le lecteur, l’aider à regarder le monde d’un œil nouveau. Selon les spécialistes, même la syntaxe est novatrice : elle repousse les limites de la langue pour entraîner une manière de penser différente, créer une nouvelle logique, une nouvelle humanité. D’ailleurs les intégristes sectaires qui hantent nos rues en annonçant la fin du monde pour demain l’ont bien compris : ils souhaiteraient que les ouvrages apocalyptiques qu’ils brandissent soient remboursés par la Sécurité Sociale en considérant que leurs vertus prophylactiques et curatives sont indispensables pour prévenir et guérir le pourrissement de nos sociétés…