Page du 29 octobre 2018 jour du yéti

      Que font donc les hommes sur la Terre ? Franchement, c’est risible… Ils naissent par hasard, ils grandissent sans le faire exprès, ils vieillissent par habitude et meurent par inadvertance. Le reste du temps, ils conjuguent le verbe attendre à tous les temps du passé, du présent et de l'avenir... Attendre... pécher à la ligne dans le néant... En gros, et en résumé : une fugace insignifiance... Et nous en faisons tout un plat ?!!! Au menu du jour, nous avons : réveil, quête du sens, petit déjeuner, quête du sens, repas de midi, quête du sens, repas du soir, quête du sens, dormir, rien, réveil, quête du sens, petit déjeuner, etc… (...) agonie, quête du sens, mort, quête du sens, quête du sens, quête du sens... et si en plus, nous nous imaginons une vie éternelle… Y-a pas de quoi rire !

      Au cours d’une vie, on passe donc par un tas d’expériences qui toutefois peuvent se montrer plaisantes ou agréables; on rencontre toutes sortes de situations, les plus souples testent toutes les positions du kamasoutra mais au bout d’un moment, quel que soit le niveau atteint, on pense en avoir fait le tour. Quand même les souvenirs commencent à s’effacer, la leçon qu’on en tire c’est que l’on n’a fait que courir après le vent. On se dit alors qu’il convient de tirer la leçon de la leçon, qu’il est grand temps de trier le bon grain de l’ivraie, de ne plus se tromper sur ce qui est important et sur ce qui l’est moins, d’exiger enfin l’essentiel. Mais on s’aperçoit alors que cette sagesse, elle aussi, nous fait courir après le vent. La sagesse, l’authentique, la seule finalement c’est celle du yéti, l’Abominable-homme-des-neiges de Tintin au Tibet qui sauve ceux qui viennent lui arracher son protégé : c’est un parachute qui permet d’accepter stoïquement les plus cruelles des désillusions et plus grand est notre recul, plus large est notre connaissance, plus on tombe de haut. « Mais sait-on quels sont les sages et quels sont les fous, dans cette vie où la raison devrait souvent s’appeler sottise et la folie raison » s’inquiète Guy de Maupassant dans « La peur ».

Merci Hergé pour la dernière image de son album...