Page du 8 octobre 2018 jour du vert déluge
Vert déluge
Sur le flanc arrondi de la colline
Qui domine le petit village,
Prospère un verger de cerisiers
Où les enfants s’en vont jouer
Dans la chaleur d’après-midi,
Les uns comme les autres s’y plaisent,
Au printemps c’est une féérie.
Au milieu des cerisiers si vieux
Qu'ils se courbent au-dessus des têtes des promeneurs
Un mince sentier traverse le verger.
Ils sont si denses et si touffus,
Penchés sur ce passage qu'ils ombragent,
Que l'on se sent englouti par une forêt sauvage,
Étouffante et farouche.
Mais peu de fauves dans nos sous-bois,
Pas plus de tigres que de panthères.
Le sentier mène à un hallier
De vieux fruitiers abandonnés,
Les gens sont morts ou fatigués,
Pommiers, mirabelliers, poiriers, pruniers,
Tendent leurs bras cassants vers le passant.
Les lierres, vert clair, sinople, vert charbonneux,
Les escaladent, les étreignent,
Les habillent d'un voile de verdure,
Disputant la place
Aux lichens, céladons, opalins, couleur de sauge.
Des mousses vert jaune, olivâtres, presque pistache,
Bordent la sente étroite et submergée,
Recouvrent de vie les branches mortes tombées au sol.
Mais entre les bois gris et pourrissants,
Entre les feuilles brunies et sèches
Et les ronciers conquérants
Apparaissent les larges feuilles d'un vert soutenu,
D'un vert tendre et printanier,
Quelques superbes orchidées sauvages…