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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 28 janvier 2019 jour d'humour noir

Denis Vallier

      Les infos nous pourrissent la vie, ce ne sont que catastrophes sur catastrophes. Y’en a marre de la sinistrose ! Y’a de quoi se mettre une pierre au cou et se jeter au fond de sa baignoire. Basta ! Je ferme les écoutilles… En fait, je récolte ce que j’ai semé. Cioran, dans sa nullité à vouloir récupérer le désespoir pour des fins jubilatoires, m’est allé malheureusement comme un gant à une certaine époque de ma vie. Il parvenait à s’en sortir grâce à son humour teinté de noir mais nous laissait nous en sortir tout seul. Heureusement, on change au long du temps même si ce n’est pas du tout au tout. Le désespoir ne dégage que lui-même, mais il y a pire que le désespoir : c’est d’en prendre l’habitude. Là est le vrai malheur et y échapper devient une nécessité vitale. Courage ! Fuyons !

      Noir ou pas, l’humour nous sauve. Il nous permet de ne pas nous brûler au premier degré. C’est la richesse des sensibles qui portent le deuil de leurs illusions perdues ; faut-il que nous en ayons beaucoup en réserve pour en perdre autant chaque jour. L’humour, c’est rire quand même, malgré tout. C’est une manière de décrire les travers du monde, tout en désactivant leur caractère tragique par le rire ; il évite ainsi à la lucidité de sombrer dans l’amertume. Par le rire et le sourire, l’humour détruit tous les codes et ouvre sur un espace chaotique et irrespectueux. Le jour où nous devrons tous porter des oreilles de Mickey et des nez rouges avec une plume dans les fesses pour gagner notre pitance, ne survivront que ceux qui sauront rire d’eux-mêmes. Ce que j’apprécie dans l'humour ce sont ses divers degrés qui en font une fusée à étages. Mais je crains fort que d'évoquer tel ou tel degré de l'humour ne soit qu'une manière de tenter de retomber sur mes pattes…

      Si l’on peut parler du temps qu’il fait avec la plus grande gravité, les sujets de grande importance gagnent à être traités avec légèreté : cela n’enlève rien au fond du problème et l’on est plus efficace quand on atténue le pathos. J’aimais moyennement les Rita Mitsouko mais leur chanson la plus connue « Marcia Baïla » (si, si, rappelez-vous : Mar cia… elle est mai greu avec un accent espagnol forcé) n'est pas la chanson superficielle et joyeuse que donne son apparence. C'est un hommage à Marcia Moretto, une chorégraphe argentine qui a enseigné la danse au duo, et fait quelques tournées avec eux à leurs débuts. La chanson prend son sens profond et tragique lorsque l'on sait que Marcia est morte à 32 ans d'un cancer à évolution rapide, mais sous cette forme, leur hommage est multiplié aisément. De même « Le p’tit train » qui s’en va dans la campagne évoque de façon fort guillerette la déportation du père de Catherine Ringer, l’ex star du porno, sur le même ton que « La vie est belle » de Roberto Benigni.

      Moi, lambda, en cours d'évaporation, j'apprécie beaucoup cette gravité allégée qui pèse moins sur les tombes. Et si la gravité avait des moments de distraction ? Quand elle perd son centre peut-être… ?

Illustration de Serre au mieux de sa forme

Illustration de Serre au mieux de sa forme

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