Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 17 février 2019 jour de marche.

Denis Vallier

      Existent des plaisirs toujours renouvelés dont on ne se lasse pas… Toutefois, ils vieillissent eux aussi et peuvent même changer de registre avec le temps. Mais je me fais toujours la même joie de marcher sur les traces de mes chiens morts depuis longtemps. Et là, à chaque fois, seul dans le maquis odorant et les roches rouges, j’ai l’impression d’avoir autant de ciel atrocement lisse et vide devant et derrière moi, à droite comme à gauche. Cerné par un horizon qui faillit à sa vocation et ne ferme rien, le paysage dans lequel j’avance ne cesse de changer et d’évoluer lui aussi, et pourtant je m’apparais comme son seul centre mouvant. Au bout d’un moment cette coupole infinie me prolonge et la terre entière et tout l’univers m’appartiennent. C’est par rapport à moi que tout s’ordonne : j’ai beau marcher en tous sens, je reste au milieu, j’en suis toujours le centre. Je suis facile à trouver : je suis au centre. Géographiquement le véritable centre, le point de départ, devrait être à quelques milliards d’année lumière, mais non ! je persiste et signe, il est en moi et je ne suis plus que ce point.

      Tout notre univers passant par un trou d’aiguille, ça crée des liens dans le landernau… En prenant de l’ampleur et en « s’écartant » progressivement, la matière de l’univers qui était initialement concentrée dans un petit pois infiniment chaud et massif, n’a rien perdu de cette puissante unité initiale. À quel moment l’aurait-elle perdue ? T1 ? T2 ? T3 ? Pourquoi, quand et comment l’univers aurait-il changé de nature ? Et pourquoi en serais-je séparé ? Est-ce cela qui explique l’intrication de deux particules ? Cette particularité que nous offre la mécanique quantique nous annonce allègrement que deux particules intriquées que l’on sépare demeurent magiquement en relation quelle que soit la distance entre elles comme si l’espace et le temps n’existaient pas pour elles. Même chacune à un « bout » de l’univers, si l’on modifiait ou affectait l’une, l’autre serait identiquement, instantanément, surnaturellement, modifiée ou affectée… J’aurais du mal à le vérifier mais avouez que c’est troublant pour le bon sens paysan. En fait, tout nous laisse croire que l’univers au lieu de s’étendre à partir d’un point, aurait plutôt régressé dans ce point en s’enfonçant toujours plus profondément en lui-même dans une mise en abîme qui durerait depuis 13,8 milliards d’années. C’est peut-être pourquoi, on peut se sentir tout petit parfois ! Comme l’avait déjà ressenti Cervantès il y a longtemps, « les faits sont les ennemis de la vérité »

Page du 17 février 2019 jour de marche.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires