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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 15 avril 2019 jour du temps étrange

Denis Vallier

      Nous autres, pauvres bestioles immergées dans le mouvement, avons bien du mal à accepter l'éternité immobile et inoxydable comme atemporelle. Nos anticorps rejettent ce qui  nous est étranger et nous dépasse. Du temps nous ne comprenons rien, peut-être parce que nous n’en « connaissons » rien à part ce que nos pauvres sens veulent bien en trahir : à peine quelques retombées secondaires sur la matière. D’un commun accord, même si ce ne fut pas facile, nous venons de régler nos montres sur la même heure d’été. Ce temps-là n’est qu’une convention (- ou une invention de la société comme on voudra) mais nous ignorons tout de la nature « réelle » du temps. Cela revient à dire par manque de vocabulaire approprié qu’il n’existe pas en tant que tel dans notre univers ou qu’il participerait d’un domaine qui nous dépasse. Parler d'existence du temps me donne des frissons dans le dos et me file quelques boutons, mais, de toute façon, nous sommes nombreux à nous douter qu’il n'est qu’une illusion tenace de nos sens, une représentation fumeuse de nos esprits, le mirage ondulant au loin d’un temps si vaste qu’il serait à la base de tout... et pourtant je le vois bien, je le constate dans le balancement du rocking-chair et le tictac de l’horloge, dans le frémissement des feuilles, dans la transparence vibrante de l’air surchauffé, dans le bleuté de mes cheveux blancs, dans la danse immobile de la montagne. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a un temps pour tout et que ce n’est jamais le même.

Image de Mehmet Geren

Image de Mehmet Geren

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