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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 1er juin 2019 jour de droit à la paresse.

Denis Vallier

      « Travaillez ! Travaillez prolétaires pour agrandir la fortune sociale et vos misères individuelles.  Travaillez ! Travaillez pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d’être misérables. Telle est la loi inexorable de la production capitaliste. »… « Le Droit à la paresse », telle est la réponse du lucide et enflammé Paul Lafargue à la fin du 19 ème siècle face au succès de l’industrialisation sauvage à marche forcée. C’est également celle  d’un employé ingénieux, bienveillant et très paresseux de la seconde moitié du XX ème siècle. Il s'agit du dénommé Gaston Lagaffe de Franquin, l’ancêtre des hackers, saint patron des procrastinateurs, dynamiteur d'entreprise... et superbe artiste de la gaffe rejoignant les Charlot, les Buster Keaton et autres grands du burlesque. Ils démontrent tous deux que le refus de travailler pour gagner sa vie en y laissant sa peau ou pour meubler le temps est une démarche saine, subversive et même révolutionnaire. Mais Gaston Lagaffe, le plus marrant des lanceurs d’alertes, est un champion hors catégories, c’est un dynamiteur de génie, à lui tout seul il serait capable de mettre à bas toutes les Bastilles du monde. Tout casser n’est jamais très glorieux ni même très malin, on pourrait regretter notre excès de zèle mais si c’est fait ponctuellement et avec la manière, une Bastille devient un symbole puissant, non seulement parce qu’on la prise, mais surtout parce qu’on a pris plaisir à la détruire. Il revient au peuple de choisir et de valoriser ses symboles et finalement, peu importe les dégâts, c’est peanuts. Isoler un symbole n’a en soi guère de sens, mais soutenu par toute une foule, le fait de détruire un Mac Donald peut changer le monde à peu de frais. Franchement, qu’est-ce qu’on y perdrait ? Un peu de nourriture pour chien et quelques kilos ? Il suffirait d’y inviter Gaston Lagaffe et de le laisser ne rien faire...

      Un développement infini dans un monde fini est par définition impossible. Pas besoin d’être grand clerc pour le comprendre, cela tombe sous le sens. Et pourtant, de par le monde, une grosse proportion de la population souhaite que cela continue ainsi en dépit de toute logique. Il faut admettre que la communication de ceux qui y trouvent un intérêt immédiat est bien faite. Une nouvelle définition de la croissance qui ne serait plus basée sur la finance, l’économie, le travail ou le profit devient urgente au vu de l’évolution des inégalités sociales et des problèmes environnementaux désastreux associés. C’est bien gentil de foncer têtes baissées dans le noir mais notre course à l’échalote se prendra forcément un mur un de ces jours et ce ne sont pas de nouvelles technologies qui régleront le problème. A terme, la finance, les matières premières, les biens de consommation, la compétition vont devoir céder la place à l’écologie, la connaissance, la solidarité, le bien être. Certes,  ce n’est pas demain le veille, il y aura de fortes résistances, quelques mouvements d’humeurs et quelques baffes qui se perdront mais c’est inexorable ; dans ce nouveau cadre et dans le sillage de Gaston Lagaffe, le droit à la paresse  et à la sieste devra faire partie des droits de l’homme (- pour ceux de la femme, ça se discute, mais pas de soucis, je leur fais confiance (!) Comme le savait Aragon, c’est d’elles que viendra la solution à nos problèmes…).

Merci à Franquin pour les frasques de son Gaston.

Merci à Franquin pour les frasques de son Gaston.

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