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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 29 juillet 2019 jour de beauté et d'amour.

Denis Vallier

      Aujourd’hui, c'est déjà le demain d’hier. Aspiré par le passé, attiré par le futur, le présent volatile tente de me retenir prisonnier en me laissant à peine libre de vivre la seconde qui naît et disparaît aussitôt, avant de passer à la prochaine qui écrase la précédente et ainsi de suite. Quand ce qui fut s’estompe, ce qui est le rejoint déjà. Et le terrible étau du temps où j’ai l’idée saugrenue de glisser mon doigt fait de la mort de chaque instant, un néant. Il n’y a de temps que dans l’instant qui toute notre vie, sera toujours le dernier : nous sommes pour de bon suspendus entre deux néants. Manifestement, la mémoire est le temps que je perçois, mais la mémoire miroir des faux-semblants, nous trompe, sa pauvreté disjoint les mailles du présent…

      A bien y regarder, il n'y a pas plus de futur que de beurre en broche, au fond, « no futur » n’est pas qu’un slogan soixante-huitard, c’est un constat. Ce n’est que du passé que je pressens et qui n'est pas encore arrivé. Et dans tout ça, le présent n’est qu’une salle d'attente, c’est la surface qui sépare le haut de là, il est en création permanente comme la paroi moirée et mouvante d’une bulle de savon que l’on gonfle. C’est juste une autre couleur, une nuance de l’instant, un moment qui va se transformer : quelque chose va encore changer et ce ne sera plus jamais la même chose. A bien y regarder, le temps n’est qu’une retombée de phénomènes physiques et chimiques incessants. La danse folle des particules en chaque point de l’espace engendre des évènements qui ont besoin de toujours plus de place pour se manifester ; la somme de ces modifications insignifiantes provoque l’expansion de l’univers et il nous faut du temps pour réaliser ce qui se passe. Des choses se passent, les atomes s’attirent, se repoussent, s’aiment, se haïssent, s’épousent, divorcent et nous, voyeurs impénitents, nous assistons au spectacle érotique en tentant d’y participer.

      Jadis et plus tard ne sont guère que des conventions. La preuve : on a bien inventé le futur antérieur ! Pourquoi pas un passé futuriste ? Malgré tout, l’amour et la beauté, qui ne sont pas quantités négligeables, demanderont toujours un peu d’avenir et d’espace où s’épanouir. Anticipons ! Toute la beauté du monde et de la vie est dans l’instant et on n’a qu’une seule chance. Soit on en profite, soit on y renonce et on subit. C’est un spectacle prodigieux mais unique ; ce n’est ni un entraînement ni une répétition et si c’est un jeu, on ne le joue qu’une seule fois même si c’est tous les jours, il n’y a pas de bouton "reset". Qu’on se le dise !

(Photo : "Ballet atomique" de Bague Adam)

(Photo : "Ballet atomique" de Bague Adam)

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