Page du 4 septembre 2019 jour en approche.

      Pour vivre heureux, vivons heureux (- et éventuellement, avec l’âge, vivons cachet)… On est tous un brin parano, on le sait, on est prévenu mais ce n’est pas pour rien, même le plus parano d’entre nous a un véritable ennemi : le temps. Le bonheur de l’allumette s’attend toujours à son extinction, on s’attend toujours à ce qu’on nous en prive, c’est comme ça le bonheur… mais les moments délicieux de son approche ne pourront jamais nous être enlevés et ces instants sont  ce qui peut nous arriver de mieux dans la vie. Encore faut-il y être attentif et sensible. L’attente, c’est comme le souffle et l’inspiration, ça se cultive : il ne faut jamais cesser de monter l’escalier malgré les ascenseurs vers le septième ciel, cela vous galbe les mollets mais surtout, lorsque l’on franchit le seuil, tout l’art consistera à ne pas laisser retomber le soufflé de l’attente. Et comme tout art, cet art est difficile.

      Toute attente porte en elle l’idée qu’ensuite, il n’y aura plus rien à attendre. C’est comme ça l’attente… Ce qui ne laisse plus rien à attendre, c’est tout là-bas, au loin, l’horizon de l’attente. Qu’est-ce qui est capable de nous priver de toute attente au-delà de cet horizon ? L’infini ? L’éternité ? La plénitude ? La béatitude ? La perfection ? C’est-à-dire toutes les formes de l’absolu ? À mort l’absolu ! Ce qui est propre à la vie (- que j’estime par définition relative, imparfaite et limitée), sous quelque manifestation que ce soit, c’est la tendance. Tout être vivant à tendance à vivre, c’est-à-dire à sentir, à croître, à se reproduire… Même si on ne l’observe pas, toute sensation a tendance à se réfléchir : sentir, c’est avant tout sentir que l’on sent. La vie a tendance à se réfléchir en conscience. Par conséquent, la tendance, constitutive de la vie, se réfléchit en attente (- constitutive de la conscience). Le passionnant et passionné Nicolas Grimaldi, ce touche-à-tout, nous offre un théorème en pâture : "L’attente est à la conscience ce que la tendance est à la vie : son principe".

(Dessin du génial Chaval)