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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 24 octobre 2019 jour de rapacité.

Denis Vallier

      Nos lointains aînés ont été fabuleux, ils ont eu des trouvailles de génie et on ne peut que s’en féliciter et leur rendre hommage. Quand on imagine leurs conditions de vie, ils ont fait preuve d’une intelligence, d’une audace et d’une endurance à la souffrance remarquables. Mais tous ces exploits divers et ces vertus multiples ont abouti  à la société monstrueuse que nous connaissons et à laquelle nous participons  avec plus ou moins de résignation et d’enthousiasme. Elle a bien sûr des avantages, ses avancées sont loin d’être négligeables : dans certains pays on ne meurt plus de faim, votre espérance de vie est considérable, on ne vous trucide plus systématiquement au coin du bois, on travaille 35 heures par semaine et les soins sont quasiment gratuits. C’est très bien même si ça pourrait être mieux, mais pour les autres, les laissés pour compte qui se comptent par milliards, qu’en pensent-ils ? Malgré ces vertus, notre société mondialisée est profondément injuste et elle ne pourra pas maintenir cet équilibre instable éternellement, on le constate avec l’irrépressible flux migratoire : elle est vouée à évoluer ou à disparaître. Malheureusement le système qui la soutient est incapable de se remettre en cause, le profit sera toujours le profit…

      Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir mais avant de s’orienter mieux vaut savoir d’où l’on vient pour comprendre comment nous en sommes arrivés là : de déduction en déduction nous avons pu nous faire une petite idée de l’évolution durant les centaines de milliers d’années qui nous a conduit à l’époque actuelle. Bien sûr cela reste sujet à caution et à affiner mais ce dont nous sommes certains, c’est que depuis les 6000 dernières années où des traces écrites nous laissent moins de doutes, nos braves ancêtres ont perpétré 6000 guerres, 6000 folies sanguinaires et stupides mais je suis sûr que j’en passe… et ça continue. À peine avait-on fini d’enterrer les morts de la dernière que déjà on s’entraînait pour la suivante. À chaque fois, les pertes étaient considérables mais la plus irréversible restera la destruction d’un patrimoine génétique irremplaçable : ce sont le plus souvent nos jeunes en bonne santé, les plus valeureux, les plus forts, les plus courageux, qui y ont laissé leur peau. C’est une perte génétique considérable pour l’espèce car, paradoxalement, les planqués, les souffreteux, les plus faibles, les plus lâches, ont survécu plus aisément. Depuis des milliers d’années, il n’y a pas de hasard si l'écrasante majorité de nos ancêtres a fait preuve de soumission, de conformisme, d'auto-centrisme, de médisance, de brutalités diverses et variées en acceptant les ordres des rapaces les plus fous de pouvoir d’entre eux. Mort et destruction, honte et violence… indescriptible et incontrôlable violence, tu nous accompagnes tout au long de notre Histoire… Ce n’est pas très glorieux tout ça, en tout cas, pour ma part, je n’en suis pas particulièrement fier.

Page du 24 octobre 2019 jour de rapacité.
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