Page du 7 octobre 2019 jour des lamentations.
Je n’entends autour de moi que plaintes et lamentations… C’est communicatif et méchamment contagieux … Nous avons tous le droit d’être triste, on a même le droit de se plaindre de son sort et de se lamenter de nos malheurs. Je me demande si ce n’est pas inscrit dans les Droits de l’Homme, mais je plains les animaux et je plains les Hommes. Cette vie de vieil ado jeté avec l’eau du bain, ils ne l’ont pas demandée, ce n’est qu’une longue plainte... Les gens sont-ils plus à plaindre aujourd’hui qu’hier ? Notre sort est-il pire ? C’est facile de s’en moquer mais l’ironie est de trop : nous avons tout juste assez de raison pour résister à l’évidence naturelle. Ça nous rend méchants et désespérés, pas vraiment sympathiques. Pourtant, rien ne nous empêche de vivre autrement. En fait, en y réfléchissant avec sagesse et raison, l’amour et la tendresse sont les émotions les plus rationnelles. Elles rendent la vie plus tolérable autant pour ceux qui aiment que pour leurs proches.
On peut toujours se demander ce qui serait arrivé si tous les grands esprits, les meilleurs scientifiques, les artistes les plus doués, nos génies créatifs les plus brillants, avaient décidé de s’unir et de tout changer au lieu de laisser les plus voraces et les plus égoïstes d’entre nous nous plonger dans cette mouise. Il n’y a aucune gloire, aucune fierté à tirer de ses dons, ce qui compte avant tout, c’est la façon dont on les utilise. Et pour le coup, il n’y a pas de quoi être fier, on a laissé faire et on ne peut que constater les dégâts. Tout fout le camp, les catastrophes s’enchaînent, les chapeliers travaillent du chapeau et perdent la tête, les thermomètres explosent et l’air est devenu irrespirable, je suis allergique à tout et à moi-même, de plus, je perds mes cheveux qui semblent s’être mis de mèche pour se débiner et quand j’ouvre la bouche, je pue des pieds à cause de mes dents qui se déchaussent… à qui la faute à votre avis ? Où est le coupable ? Il faut bien que quelqu’un le porte ce chapeau. Mais gémir et se plaindre n’arrange rien et ne fait que compliquer les choses : il est difficile d’avoir des idées neuves et très facile de baisser les bras. Bien trop tard, nous réalisons enfin que cette union idéale des talents était notre seule alternative, notre seul espoir d’une vie meilleure. Notre unique chance est anéantie, nous avons joué aux cons et nous avons gagné. Nous avons raté la marche et nous assistons à un interminable défilé macabre. Je ne comprends pas pourquoi nous avons pris la mauvaise voie. Il n’y a pas d’âge pour vivre mais, objectivement, tout ce que je sais, contrairement au dicton, c’est qu’il est déjà trop tard : notre génie ne suffira pas cette fois ci, ni les mesures cosmétiques, inutile non plus de compter sur notre bonne étoile, elle finira par nous griller sur pied. Mais on l’a mauvaise, on en rage de ne pas avoir su, de ne pas avoir pu empêcher cela. Quand et où avons-nous perdu ces quelques instants qui auraient pu tout changer ? Il a bien fallu qu’il y ait un moment clé et un coupable.