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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 10 janvier 2020 jour autour du pot...

Denis Vallier
(Remerciements à Unger pour la drôlerie désopilante de son Herman prenant l’avion)

(Remerciements à Unger pour la drôlerie désopilante de son Herman prenant l’avion)

      Avez-vous déjà tiré la chasse d’eau des toilettes d’un avion à 11 000 m d’altitudes ? Ça fait peur ! Le vide nous aspirerait volontiers par ce petit trou infernal avec le même terrifiant bruit de succion. Le vide, c'est ce qui est absent et qui nous manque ; il nous donne une bonne raison d'être, en tout cas, nous en avons besoin pour être ce que nous devenons et pour faire voler les avions. C’est le vide créé par la vitesse au-dessus des ailes qui les suspend dans les airs, mais bien pire, imaginez un avion sans toilettes… 200 Depardieu dans le besoin…  À force de se trouver acculé, le besoin devient nécessité et la pression augmentant, il nous rend courageux, créatif, voir même parfois intelligent pour nous en sortir… (- bon … d’accord… "rusé" suffira), mais, avec tous ces besoins exigeants qui se multiplient, faut-il pour autant que notre vie ne commence vraiment qu'assis sur le pot ? Il est vrai que l’on prend tant plaisir à nous exprimer : voyez la jouissance que j’éprouve à décharger dans ces pages.

      Avec le temps, la pression qu’engendre le besoin monte, monte jusqu’à la douleur. Comme si le temps en se comprimant nous faisait souffrir en nous rapprochant de notre fin. Plus la pression devient douloureuse et insupportable, plus la libération est jouissive. On retrouve à nouveau un temps infini, plus rien ne presse, on a à nouveau la vie devant soi… Assurément, lors de cette libération, les sensations associées nous invitent à avoir une conscience exacerbée de la matière qui s'échappe, de l’énergie qu’elle représente et par là même, du temps qui passe, mais surtout du soulagement d'un trop plein jusqu'alors contenu dans une enveloppe charnelle oppressée qui s'est nourrie d'un extérieur de plus en plus affiné et défini avec les années qui passent (- comme aurait pu se dire un Desproges en petite forme dans ses toilettes).  Pipi-caca-popot, ça ne se dit pas quand on est grand, quand on se veut être un adulte sérieux et responsable… quoique…le cycle se bouclant, l’infantilisation galopante des vieillards dans les EPADH nous fait tourner autour du pot. C'est quand même d’importance pour nos petites et grandes enfances, quand notre intime se retrouve si bien relié au besoin de l'autre qui vient nous prêter attention. Il en reste toujours quelque chose de ces dons généreux.

      Mais cet autre qui est-il vraiment ? Où commence-t-il ? Où finit-il ? Est-il si distinct que ça ? N’est-il pas déjà en nous ?  Dans le ventre justement ? Au dernier recensement, notre colon est un biotope peuplé de dix mille milliards de bactéries, cinq-cents espèces différentes identifiées en bonne part léguées par nos ancêtres et assemblées dans une composition unique propre à chaque personne. De quoi nous attribuer une identité bien plus vivante et expressive que nos empreintes digitales… J’ai beau me laver, c’est cette identité que détecte mon chien quand il me piste : si ma sueur n’a pas d’odeur, les cadavres de mes bactéries en ont une puissante... C’est peut-être vexant, mais génétiquement, nous sommes donc avant tout microbiens, c’est-à-dire pas grand-chose, au mieux de simples véhicules à bactéries, des sortes de musées sur pattes. En effet, notre ventre, nos cavités, notre peau abritent les derniers vestiges du moi partagé, les derniers restes de l'autre, de tout ce qui nous a précédés depuis la première trace de vie sur cette planète. C’est à la fois prodigieux et vertigineux, mais à la fin, ça me fait ch…aque fois la même chose d’être si peu de chose : moi qui m’estimais de nature quasi divine, me voilà réduit à une crotte fumante. Riche ou pauvre, Terrien de base ou grand de ce monde, crois-moi, t’es rien ! Et même moins que rien ce qui n’est déjà pas si mal…

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