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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 27 janvier 2020 jour de Tintin au pays des racistes...

Denis Vallier
Page du 27 janvier 2020 jour de Tintin au pays des racistes...

      On a accusé Hergé de racisme et ça lui a pourri ses vieux jours. Il y a d’ailleurs quelques différences  notoires  entres les premières éditions de certains albums de Tintin et celles que l’on peut trouver de nos jours : on a cru bon d’expurger quelques dialogues afin d’édulcorer des propos que l’on trouverait ouvertement racistes actuellement. Par exemple, dans une première version de Tintin au Congo, Tintin au tableau enseigne aux petits Africains que leur mère patrie est la Belgique et dans une seconde, il leur fait faire une addition : c’est beaucoup moins absurde et donc beaucoup moins drôle. Cela peut être compris comme de l’autodérision mais tout le monde n’a pas cet humour belge. À l’époque, ces propos ne choquaient personne et on a mis beaucoup de temps pour réaliser que ces termes pouvaient blesser tant nos mentalités étaient formatées : le racisme colonial était largement partagé en Europe et tout ce qu’il y avait de plus ordinaire.

      Par contre, dans le Lotus Bleu situé en plein conflit sino-japonais des années 30 après l’incident de Mukden, le même Hergé nous donne une remarquable leçon d’humanisme : on y voit Tintin développant devant son ami Tchang les pires clichés sur la Chine que véhiculent les Occidentaux. "Ah ! Qu’ils sont drôles, les habitants de ton pays !..." réagit superbement Tchang en inversant le rapport, décentrant l’Europe, mettant pour le coup l’Empire du Milieu au centre d’un jugement de valeur alors que nous l’avions jusque-là considéré en périphérie d’un Occident triomphant. C’était novateur (- et visionnaire). Si d‘un certain côté, Tintin est effectivement raciste, il l’est jusqu’à l’excès: il met en scène les stéréotypes de la suprématie blanche pour les ridiculiser dans l’amitié de personne à personne en dépassant toute idée de race. C’est délibéré et donc antiraciste, mais sur la même page, il use d’une caricature grotesque de l’ennemi commun japonais sous les traits du monstrueux Mitsuhirato, politesse et fourberie extrême, grandes dents, yeux bridés, c’est-à-dire de toutes les caricatures d’une propagande de guerre. Tout en dénonçant nos stéréotypes ridicules à l’égard des Chinois, ambigu, il exploite ceux qui concernent les Japonais... De plus dans cet album, Gibbons, l’ennemi anglais de Tintin à Shanghai sous occupation britannique, fait figure de triste abruti, raciste, hautin, vulgaire, grossier, violent et puant. En fait, Hergé ne faisait là que décrire au plus juste nos amis Anglais…Héhé !… À chacun ses faiblesses… mais si Hergé était raciste, qui ne l’est pas ?

Page 43 du Lotus Bleu d’Hergé...

Page 43 du Lotus Bleu d’Hergé...

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