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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 31 janvier 2020 jour des usines à la campagne...

Denis Vallier

      Auschwitz-Birkenau, mais aussi Majdanek, Treblinka, Sobibor, Chelmno, Belzec, ou chez nous, à moindre échelle, le Struthof, l’Allemagne nazie cachait ses camps de la mort sous des tapis de neige dans des endroits isolés. Et voici que dans un pays où le sujet est hyper-sensible et encore marqué par ses propres horreurs, des villages allemands se sont transformés à nouveau en camps retranchés néo-nazis… On s’inquiète des horreurs et du fanatisme des intégristes musulmans mais un peu moins de la résurgence tout aussi dangereuse du Nazisme qui se répand comme la peste dans un roman de Camus.

      Le racisme viscéral est un cancer, une maladie qui avance cachée, qui ronge lentement, patiemment les entrailles. Sur le plan humain, c’est une monstruosité : je le ressens comme un parasite, une sorte d’Alien qui se nourrit de la haine et vous dévore de l’intérieur. Dans "Contre la haine" son "plaidoyer pour l’impur", la journaliste allemande Carolin Emcke définit la haine comme ce qui "rend l’homme invisible à l’homme". C’est vrai que comme une violente colère, elle détruit notre part d’humanité. Depuis toujours, le plus redoutable des ennemis est l’ennemi que l’on ne voit pas, celui qui est dans notre tête. On parle souvent d’attaque pour certaines pathologies vicieuses qui nous lèsent le cerveau ou le cœur : le terme vient du Moyen-Age où l’on s’imaginait subir l’agression de démons ou de créatures de ce genre... La haine est aussi un moteur puissant qui raccroche les esprits faibles ou traumatisés (- ceux qui perçoivent leur corps et leur être fragmentés, comme détruits ou en décomposition) à une unité forte et compacte portant bottes et uniformes, à un groupe qui leur accorderait enfin de l’importance : appartenir à un groupe les rassure, ils trouvent enfin une famille qui ne les rejette pas, des amis qu’ils n’ont jamais eu et qui s’auto-protègent du monde extérieur. Rajoutez ici un brin de nostalgie de la vie en meute libre et sauvage dans les forêts sans fin de nos ancêtres quand le monde était encore propices à toutes les aventures, quelques vieilles légendes nordiques avec en fond musical les Walkyries de Wagner et vous pourrez ainsi regonfler les groupes d’extrême droite qui se multiplient en ce moment.

      On retrouve là le même processus que pour l’appel au djihad ou dans les sectes : une personne plutôt faible et inconsistante trouve dans un groupe la cohésion, la force, l’unité qui lui manque. Même si elle sait que ce qu’elle fait est illégal, au sein de la meute les lois ne sont pas les mêmes qu’en dehors. Ensuite, l’individu se fond, disparaît, devient chair à canon, l’engagement est total, la discipline stricte et la trahison dangereuse. Il ne peut plus en sortir sous peine de se volatiliser à nouveau et de s’autodétruire. C’est un processus à cliquet, il se retrouve pieds et poings liés en toute connaissance de cause dans une bulle de pureté et ne trouve plus aucune raison de retrouver le monde extérieur. Il ne veut plus de cet autre monde, Il veut même l’abolir puisque ce monde impur est dans l’erreur et le mensonge : il est retourné comme un gant. Nous autres, citoyens qui nous considérons normaux, nous nous réfugions dans le fait de dire :" ces gens-là sont malades, il faut les soigner" et c’est vrai d’un certains point de vue. Mais de leur côté, ils pensent la même chose de nous et en bien pire. Ce n’est pas par hasard si les Néo-nazis braillent "Heil Hitler ! " : "Heil" vient de "heiliger", santé, et ils souhaitent bonne santé au Führer mais surtout qu’Hitler guérisse le monde… Les extrémistes de tous bords se rejoignent pour dénoncer le féminisme, l’antiracisme, le métissage culturel, la Démocratie et le Libéralisme qui trahissent la population en permettant toutes les races, tous les métissages, toutes ces faiblesses sont à leurs yeux des maladies de la société et il faut aseptiser tout ça énergiquement… Si les djihadistes rêvent d’un retour à la splendeur passée d’un Islam conquérant et aspirent au paradis, les néo-nazis allemands regrettent le bon vieux temps, l’heure de gloire de l’Allemagne quand elle était à la pointe de l’innovation, de la technique et du progrès mondial en négligeant qu’en bonne part c’était grâce à l’apport de l’intelligence et du savoir-faire de nombreux juifs… (Dessin de Placide)

(Dessin de Placide)

(Dessin de Placide)

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