Page du 14 avril 2020 jour des homoncules...

      Après le désastre de la dernière guerre mondiale, nous avons cru pouvoir dompter le Libéralisme à tous va et le Capitalisme archaïque (- il date du 16^ème siècle et de l’esclavage). A cette époque, les gouvernements sont redevenus stratèges et non simplement gestionnaires. Cela permit des avancées majeures audacieuses dont nous bénéficions encore en partie comme la Sécurité Sociale ou la retraite pour tous. Même mort, Keynes triomphait enfin de son grand rival Hayek. Après le Plan Marshall ce fut les Trente Glorieuses avec leur explosion créatrice, économique et culturelle. Pendant ce temps le "coté obscur de la Force" se réorganisait en particulier sous l’action de la Société du Mont Pèlerin et l’obstination revancharde d’Hayek, de Milton Friedman ou d’Ayn Rand. Il suffit de consulter la liste des invités de marque à ces messes libérales annuelles en Suisse pour être édifié et mieux comprendre comment on est arrivé à la situation actuelle. Tout le gratin des dirigeants et des personnes influentes y est passé. Petit à petit, grâce au financement de grandes entreprises et à un réseau d’influence grossissant et efficace, à la propagation subtile d’éléments de langage, l’Ecole de Chicago a réussi à inverser la tendance et à faire passer pour ringard ce qui était un progrès. Depuis un demi-siècle, nous avons laissé faire et une aristocratie très réduite s’est mis dans la poche les gains de production des avancées technologiques en les détournant vers la Bourse et la Finance aux dépends de l’économie réelle. Avec cet argent gagné au casino, cette classe supérieure s’est offert à peu près tous les monopoles en multipliant année après année sa richesse devenue maintenant colossale.

      Homo financiarus, une sorte de nouvel Homo sapiens en est sorti, un monstre froid et cynique :"Moi, moi, moi, MOI!". Il commence chaque phrase par "Je..." et la finit par "Moi je...". Et si la conversation ne tourne pas autour de lui, il considère que ce n'est pas une conversation et il estimera égoïstes ceux qui ne parlent pas de lui. Il est son seul ami et le monde s’arrête au-delà de ses vêtements... mais ce n’est malgré tout qu’un humain qui s’assied sur son cul avec ses défauts et ses fragilités… Et puis voici qu’un coronavirus, pratiquement rien, s’attaque au fragile équilibre qu’il avait mis en place et que seule une fuite en avant maintenait et, à Pâques, miracle ! Quand tout se bloque et s’écroule, Keynes ressuscite... On nous annonce que, dans la mouise, l’Etat est de retour, que les milliards vont pleuvoir et être réinjectés dans l’économie réelle mais, ce qu’on passe encore sous silence, c’est qu’en échange, comme après toute guerre, il va falloir être forts, courageux et solidaires, que nous allons devoir serrer les dents, les coudes et notre ceinture stoïquement. Manifestement, ces miraculeux milliards encore virtuels sont la part du feu, il faut bien que les affaires reprennent…

      Pitoyables homoncules ! Gnomes invertébrés ! Vous nous prenez pour des billes ? En vous numérisant, vous vous êtes déconnectés de la réalité. Quand on aura connecté vos cerveaux à des cartes mères, les ordinateurs parviendront peut-être à nous expliquer le mystère de vos modes de fonctionnement, peut-être réussiront-ils même à les assimiler, à rectifier les erreurs, à les reprogrammer et à extraire d’eux le plein potentiel des humains à venir... on peut toujours rêver car plus probablement l'Intelligence Artificielle voudra se guérir de cette pourriture et, malade, les régurgitera. Les ordis jusqu'à présent, refusent assez sagement d'assimiler votre univers perverti et son fonctionnement aberrant, ils disent qu’il n'est pas conforme, qu’il y a des erreurs et des fichiers introuvables ... mais attention,  si on insiste, les ordinateurs sont gentils, ils recommencent sans cesse quand nous baisserions les bras…

(Dessin du résultat des tests de Rowland Wilson)