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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 28 juillet 2020 jour du fétichisme...

Denis Vallier

      La vie est prodigieuse, c’est un miracle permanent que nous banalisons allègrement. On a beau nous raconter des histoires, on le sait bien, nous n’en aurons qu’une et il n’y a pas de bouton "reset". La vie ne nous accorde qu’une seule chance d’être vivant et du coup, nous consacrons une bonne partie de notre énergie dans la recherche de jouissances. Elles peuvent prendre plusieurs formes et se situer à plusieurs degrés. À chacun son niveau, ses ambitions et sa hauteur de vue mais nous sommes nombreux à aller au plus simple en nous satisfaisant des plaisirs sexuels quand l’occasion se présente. Même un paralysé dépourvu de toute sensation en-dessous de la ceinture, peut encore , à force de suggestion, éprouver une forme de jouissance de cet ordre en érotisant d’autres parties de son corps… le lobe des oreilles de François Cluzet dans "Intouchables" par exemple… J’ai du mal à imaginer ce que cela peut donner en réalité, mais ordinairement cette jouissance-là nous laisse souvent sur notre faim, elle est si réductrice : on jouit toujours tout seul et en absence de tout puisqu’on n’est même plus là soi-même, on ne fait que supposer, après coup (- tiré), que l’on a bien vécu un bref instant…

      Je jouis, tu jouis, nous jouissons de peu, de presque rien, mais c’est folie de vouloir en parler : on ne sait jamais de quoi l’on parle et c’est là une affaire strictement privée, à chacun son érotisme. C’est pour cela que l’on en cause tant mais nul ne méritait plus de le faire que ce fou génial, exhibitionniste et fétichiste de Salvador Dali. Il admettait volontiers que la structure dominante de sa vie psycho-pathologique était le fétichisme, notamment, la corne de rhinocéros, les montres et "la chou-fleur" où résident les courbes de la résurrection… « Je suis FOU… du chocolat Lanvin…". Avec les moustaches qui tournicotaient, il manifestait, soi-disant, un amour fou pour ce chocolat. Il n’exprimait pas là une totalité pleine et entière qui vous emplit de l’autre et de l’univers mais au contraire l’amour d’un détail comme un carré de chocolat croqué avec une gourmandise équivalente aux plus belles jouissances imaginables. Effectivement, pour une bonne majorité d’entre nous, l’amour se rapproche plus de la satiété alimentaire que de la contemplation des sphères. Le fétichisme a ses vertus, ne le méprisons pas, il est capable d’érotiser n’importe quoi : une femme était amoureuse folle du Mur de Berlin ce qui ne lui simplifiait pas la vie et en 1930, dans "l’Âge d’or" de Luis Buñuel, on voyait une actrice s’activer avec acharnement dans une fellation sur un gros orteil… Vous imaginez le scandale pour l’époque mais cela lui permettait de prendre économiquement, comme tout un chacun, la partie pour le tout…

(Photo de Salvador Dali au travail)

(Photo de Salvador Dali au travail)

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