Page du 18 août 2020 jour des félins...
J’ai beau lutter et me démener, mes archétypes fonctionnent, mes a priori sont bien ancrés. Ainsi, à mes yeux innocents et écarquillés, la femme et les chats demeurent des cadeaux de la Nature. Ils partagent nombre de points communs et en particulier, tous les deux vous choisissent. Ces bestioles nous ramènent toujours un peu de l'inconnu qu'ils ont visité. Ils en rapportent parfois l'essence et très souvent les meurtrissures. Je ne parlais que des chats, mais vous pouvez en être sûrs, un jour, ils se fatigueront de nous et partiront en emportant tout le poisson…
Mon chat est un génie : il comprit bien vite que sa vie ne se résumait pas dans la sublimation gustative et digestive de ces croquettes au thon. Non, ce qui le tracassait en l'état fut l'agacement dans l'avancé de ses réflexions. Où en était son vieux rêve sur l'unification des forces de l'univers ? Et sa théorie des modèles mentaux ? Un jour rendrait-t-il compte du caractère cognitif de certains paramètres spirituels ? Lui qui avait tant espéré ! Il ronchonnait…
En attendant et à défaut de réponses, il prit son temps pour se caler agréablement près du fauteuil, lissa ses poils, enclencha quelques pistons de son moteur rotatif, puis étoila ses pupilles. Il s'engloutit alors dans une de ses méditations préférées. Et là dans l'inconscient collectif des herbes folles imaginaires, en ce verger idéal de l'Amour, il aimait à se retrouver loin des turbulences du monde sous les yeux amoureux de sa petite copine siamoise.
Quand je les suppose ainsi enlacés dans la nuit lasse, plongés dans les lacs de leurs yeux de phosphore, là où les félins frétillant de leurs cordes à moustache se mirent, se mirent à ronronner de concert, se mirent dans le cristal d'où, leurs pupilles rondes dans le phosphore des iris, roulent comme des billes de verre dans la nuit violette, trous noirs absorbant l'univers, j'aurais voulu m'appeler Nuit, Nuit noire, blanche ou agitée pour connaître tous les secrets et la vraie couleur des chats gris….
Je ne parlais là que des femmes, mais il y a quand même quelques différences : les chats font un massacre d’oiseaux dans le nid et nous abandonnent quelques miettes de leur mystère tandis que les femmes, elles, gardent tout. À la fin, la Nature gagne toujours, elle est éternellement jeune, belle et généreuse, de plus, la femme est fatale. Certains petits malins, vous diront que la vie est un jeu qu'il vaut mieux jouer avec des cartes truquées et de petites malines leur rappelleront que, si la vie est un jeu dont les hommes connaissent les règles, les femmes gagnent toujours, car elles connaissent le résultat… L’amour du plus fort est toujours le meilleur et tant de servantes sont devenues maîtresses ! En fait, dans cette histoire, nous autres pigeons ne pouvons ni gagner, ni faire match nul et on ne peut même pas quitter la partie en cours de jeu sans nous faire entièrement plumer...