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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 20 août 2020 jour en laisse...

Denis Vallier
Avec ou sans laisse, ce n'est pas la même chanson...

Avec ou sans laisse, ce n'est pas la même chanson...

      Imaginons une femme suffisamment libérée pour rejouer sans vergogne "l’arrière-train sifflera trois fois". Libre aussi de ne pas avoir le souci de bosser pour se donner un revenu suffisant, libérée de ses obligations de mère et d'épouse et de surcroît, animée d'une forte envie de vivre ce que la vie peut apporter de mieux sur cette planète. J'ajoute, pour compléter ces hypothèses fantaisistes, qu'elle serait douée d'une bonne expérience de la vie et d'une grande lucidité, ce qui rendrait certainement ses exigences haut placées. Dans ce monde que nous connaissons que va-t-elle bien pouvoir faire ? Vers quoi pourrait-elle bien s'orienter ? Qui peut-elle bien avoir envie ou besoin de rencontrer, de fréquenter ?

      J'ai pensé un instant à la Jet Set. La Jet Set, c'est bien, c’est fun, c’est cool. On pète dans la soie, on fait la fête dans le luxe, on privilégie le relationnel, on vit dans les plus beaux endroits du monde, on fait l’amour sur des lits grands comme des stades en sniffant de la coke. Mais les reportages qui nous la représentent me laissent à penser que cet artificiel superficiel ne conviendrait pas longtemps à cette femme merveilleuse et hypothétique.

      Alors, où s’orientera-t-elle ? Vers une secte, un ashram où l'on travaille à la réalisation de soi ? Là encore, je la sentirais à l'étroit dans un espace clos et finalement tragique Alors, vers quoi ? Vers où ? Comment sortira-t-elle du superbe isolement que lui procure son immense liberté ?

      C'est à ce moment précis de mes interrogations qu’en tirant sur sa laisse, ma chienne se trouva un camarade pour jouer. Ils se sont reniflés l’arrière-train sans siffler et se sont faits des bisous sans manière en entortillant trois fois les laisses… au bout de la laisse du copain, derrière son masque, il y avait cette femme sortie tout droit de ma rêverie. Nous avons sympathisé, discuté de nos chiens respectifs, de masque, de pandémie, de canicule, puis ce fut le moment de retourner à nos occupations… Voilà, nous en sommes restés là au bout de nos laisses. Il ne s’est rien passé et je me suis dit que finalement, bien que cela paraisse plus simple dans des conditions idéales de liberté, de santé, de moyens et d'appétit, en fait, pour trouver dans la réalité l’aventure permanente, l’exotisme au quotidien et chaussure à son pied, ce n’est pas aussi aisé qu'il y paraît ! Cela demande des efforts et exige de donner beaucoup de sa personne… En tout cas, elle ne sait pas à côté de quoi elle est passée (!)…

      Une fois mes pantoufles réintégrées, j’ai repris la lecture de "Siddhartha", ce vieux bouquin d’inspiration bouddhiste d’Hermann Hesse paru en 1922, dont on a pu dire qu’il est "le ferment antimatérialiste qui nous manquait" mais qui nécessite de croire à l’Amour. L’œuvre de ce vieux sage se caractérise par une remarquable unité : dans ses romans initiatiques, ses héros sont à la recherche d'eux-mêmes, s'interrogeant sur la meilleure manière de mener leur vie et d'atteindre l'accord avec la création toute entière sans pour autant adopter la doctrine d’un autre. "Quand le moi sous toutes ses formes sera vaincu et mort, se disait-il, quand toutes les passions et toutes les tentations qui viennent du cœur se seront tues, alors se produira le grand prodige, le réveil de l'Être intérieur et mystérieux qui vit en moi et qui ne sera plus moi"… Ce sont effectivement des héros de romans.

Promenade selon Serre...

Promenade selon Serre...

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