Page du 22 août 2020 jour d'écriture...
Je dois me surveiller, il le faut, c’est trop dangereux… Sans cesse je dois me refreiner, dans mes dires, mes regards et mes empathies, tant elles sont nombreuses à me désirer, qui comme sauveur, qui comme ami, amant, confident ou frère... Je n’en peux plus, je regrette souvent d’être autant désirable (!)… Devoir dire non, devoir laisser en sommeil nombre de relations à peine engagées (- étant moi-même plutôt du style dégagé et limité dans la disponibilité que je puis offrir n'ayant pas l'envergure universelle du Christ), c'est bien cela le plus cruel… Bon, ça va… arrêtez de rigoler les amis, je suis bien obligé de rêver, alors j’écris…
A ce que j’en sais, le romancier britannique E.M Forster n’était ni précoce, ni pressé : il avait près de 40 ans lorsqu’il découvrit enfin les plaisirs partagés (- entre hommes) de la chair. Une si longue attente en vivant chez maman, ça laisse du temps pour écrire… Il n’y a qu’un romancier britannique pour pouvoir faire ça mais on se doute de la suite ! Il allait rattraper le temps perdu. Il avait alors déjà publié cinq romans où la sexualité tenait sa place mais, bien qu’il vécût jusqu’au bel âge de 91 ans, il n’en publia qu’un seul autre après ses premiers ébats amoureux. Il s’en expliqua au soir de sa vie : “J’aurais pu être un écrivain plus célèbre si j’avais davantage publié, mais ma vie sexuelle trépidante m’en a empêché.” Curieux bonhomme…mais que voulez-vous, c’était un Anglais… Pour ma part, je suis convaincu que les tendres et sensuelles voluptés de la chair ont eu sur moi l’effet inverse… par quelle mystérieuse alchimie ont-elles exacerbé mon énergie créative et l’activité de ma plume ?