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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 29 août 2020 jour de galanterie...

Denis Vallier
Page du 29 août 2020 jour de galanterie...

      Avant qu’on les considère comme des harceleurs, les Français ont eu la réputation d’être galants : ils laissaient croire à toute femme qu’elle était séduisante. On s’en moquait bien un peu de par le monde en les estimant efféminés dans leurs manières mais on reconnaissait leur efficacité. C’était plutôt agréable et sympathique et d’ailleurs Germain Nouveau l’avait constaté :

Puisqu'on voit en France les hommes 
Céder à leurs femmes le pas, 
Et que les Croqueuses de pommes 
Leur font mettre à tous chapeau bas.

      Avant d’être ringardisée et ridiculisée, la galanterie passait au pire pour un pieux et gentil mensonge qui mettait de l’huile dans les rouages entre les sexes, elle pouvait être comprise comme une version courtoise et élégante d’une certaine civilité mais tout aussi bien comme un moyen de vaincre non par la force, mais par la manière. La critique est recevable car c’est en effet la manifestation de vouloir mettre les formes même dans les confrontations les plus violentes comme les duels à l’épée. On peut être nostalgique d’une époque mais il est vrai que si on observe cyniquement les relations hommes-femmes d’un œil froid de biologiste ou d’anthropologue comme un regarde les parades nuptiales des bestioles, on réduira la galanterie à un combat singulier entre un sexe sûr de sa force et un beau sexe dit faible "pénétré" de l’intériorité qu’on lui prête. Mais le béotien de mon genre y verra plutôt une sorte de "faiblesse oblige" tenant compte de la différence des sexes ce qui est très mal perçu de nos jours. Il voudra croire que la faiblesse est un tribut à la fragilité et en même temps, un tribut à la féminité ce qui lui sera reproché vertement par quelques chiennes de garde.

      La galanterie suppose au minimum que des femmes plaisent. Elle souligne la différence des sexes non pas dans le but de rabaisser et de protéger un bien mobilier comme quand les femmes se retrouvent voilées, mais au contraire pour leur rendre hommage sous tous leurs aspects. Il est certes possible que ce soit un hommage dont elles souhaitent se passer : elles sont nombreuses à ne plus se reconnaître la moindre fragilité. À ce moment-là, en refusant la galanterie autant que le machisme, elles doivent refuser également toute forme de protection, rejeter, par exemple, la parité dans la composition des listes électorales : elles ne sont pas une espèce en voie de disparition à protéger. C’est contradictoire : la parité n’est-elle pas une galanterie politique que certaines considèrent comme méprisante pour leur personne? D’ailleurs, la galanterie peut-elle être du domaine de la loi ?  Dans une société inhumaine et capitaliste où s’imposent compétitivité, performance et puissance, la fragilité n’est plus de mise et le libéralisme impose ici sa marque. Or, d’une manière générale, le déni de fragilité amoindrit notre fraternité et la prendre en compte élargirait notre humanité. Il ne faut donc pas se tromper de combat… accepter sa fragilité c’est accepter celles des autres La difficulté, que l’on soit homme ou femme, c’est de nous ouvrir à notre propre fragilité… "Dureté et rigidité sont compagnons de la mort. Fragilité et souplesse sont compagnons de la vie." à ce qu’en pensait il y a déjà fort longtemps le sage Lao-Tseu.

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