Page du 31 août 2020 jour de Sacha Guitry...
On aura beau dire et faire, aux yeux de certaines intégristes de la cause féminine, il n’y aura jamais que deux catégories d’hommes : ceux qui méprisent la femme et ceux qui ne se sont jamais posé de questions à son sujet. On peut comprendre une telle radicalité de la part de femmes ayant eu une vie difficile ou de celles ayant subi des épreuves traumatisantes parfois sordides mais pour toutes les autres qui ne font qu’appliquer une idéologie, que savent-elles de plus que moi sur ce sujet ? Elles ne se gêneront pas pour me classer d’emblée en compagnie de Sacha Guitry dans les rangs des misogynes. Nous avons connu la Belle époque, les Années folles, les guerres qui vont avec … et la multitude des bons mots de Sacha Guitry : "Dieu, que tu étais jolie ce soir au téléphone… Le meilleur moyen de faire tourner la tête à une femme c’est de lui dire qu’elle a un joli profil… Si le plus grand plaisir des hommes est de se payer les corps des femmes, le plus grand plaisir des femmes est de se payer la tête des hommes… Elle s'est donnée à moi et ... c'est elle qui m'a eu !… Ce qui fait rester les femmes, c'est la peur qu'on soit tout de suite consolé de leurs départs… Une femme sur ses genoux avec laquelle on n'est plus d'accord… c'est lourd… Son sommeil était, de beaucoup, ce qu'elle avait de plus profond."…
Bon, d’accord, son humour était plus que limite et s’il me fait sourire c’est que je dois partager pas mal de ses défauts. Fort souvent, Guitry, en voulant faire un bon mot, sortait des phrases très amusantes mais assez superficielles et parfois bébêtes : c’est compréhensible quand on sait qu’il a redoublé dix fois sa sixième ! Ce qui aggrave encore son cas c’est qu’il en avait parfaitement conscience et qu’il s’en réjouissait. Lui se définissait plutôt comme un "misogénie" :"Je suis contre les femmes, tout contre"… même s’il affirmait que "les femmes nous seraient bien supérieures si elles ne voulaient tellement être nos égales"… Il n’était certes pas respectueux, mais alors, misogynie prétentieuse et cruelle de surface ou profonde affection pour les femmes ? Il est vrai qu’à l’époque, l’égalité homme-femme n’était pas une évidence pour tout le monde, qu’il exploitait le filon sans vergogne en en faisant le principal moteur de ses 124 pièces de théâtre et qu'il voulait mettre les rieurs de son côté. Ce qui lui plaisait chez les femmes et qu’il mettait en avant c’était nos différences car il était aussi sardonique pour sa propre engeance : "Certains hommes n’ont que ce qu’ils méritent, les autres sont célibataires… Plus je connais les hommes... plus j'aime les chiens !". L’inégalité peut être perçue comme le mauvais génie toujours possible de la défense de la différence. Pour éviter l’écueil, il faut penser au moins à défendre la dissymétrie entre les sexes et c’est ce qu’il a toujours fait.