Page du 4 août 2020 jour en couple...

(Illustration par Alexander Lefler)...

"Qu’on est bien dans les bras d’une personne du sexe opposé, Qu'on est bien dans ces bras-là! " chantait Guy Béart en souriant… à l’époque, personne n’y voyait à redire : les sexes ne pouvaient être qu’opposés, on avait un genre ou on ne l’avait pas… Une fois de plus, et c'est tout à fait normal, notre vocabulaire charrie les à priori de notre culture. La société elle-même retrouve logiquement à son échelle les turbulences de la différence éprouvante (- au sens d'éprouver, de mise à l'épreuve) qui déjà s'exprime au sein d'un couple. Nier que les genres s’opposent est une audace devenue courante. Pourtant, cela semble une réalité bien antérieure à la formation d’un couple : autant les femmes s'entendent entre elles au sens de partager la même nature, autant l'homme dans la relation à établir ou établie, leur pose problème, et réciproquement. Dans un couple, le ciel peut être bleu, les nuages se forment et le temps devient vite orageux. Ces orages sont installés de longue date dans le paysage et ce avant même le langage…

On le sait, les orages sont dus aux frottements de masses d’air de températures différentes, les unes se contractent quand les autres se dilatent, le mouvement semble perpétuel. La vie entre les femmes et les hommes est un orage perpétuel : ils ne connaissent guère le calme plat et l’air qui circule entre leurs visages est plus intense, plus fulgurant, qu’entre les arbres ou les pierres. Parfois, de rares fois, de belles fois, la foudre tombe vraiment, tue vraiment : il ne faudrait jamais sortir de chez soi sans consulter la météo. C’est l’amour. Tel homme, telle femme, tel autre. Ils tombent en arrière sur le dos. D'ailleurs, si je distingue les hommes des femmes, c'est pour mieux qu’ils s'enlacent...! Mais souvent ils s’en lassent et les enfants trinquent… Quel enfant n’a pas souhaité au moins une fois, par une nuit d’orage, venir se blottir dans le lit de ses parents ?

La mode est à considérer le genre comme une donnée culturelle. C’est très réducteur, c’est nier la part d’inné : si l’on présente le portrait d’un homme ou bien d’une femme à un nourrisson dépourvu de vocabulaire et qui n’a jamais entendu parler des genres, il sourira, mais la photo équivoque d’un visage androgyne lui enlèvera le sourire et le laissera perplexe Lorsqu’hommes et femmes auront admis que yin et yang, masculin et féminin n'existent que l'un par rapport à l'autre, que ce soit en eux-mêmes ou dans leurs relations alors peut-être progresserons-nous un peu mais ça ne pourra être qu'ensemble.

Guy Béart - Qu'on est bien

https://www.youtube.com/watch?v=Cv_C878FvQY