Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 9 décembre 2020 jour des lentilles...

Denis Vallier

Si en 1656 Spinoza s’est fait exclure de sa communauté par un célèbre "herem" qui a fait sa publicité et une partie de sa gloire, c’est avant tout parce qu’il était trop en avance sur son temps mais aussi parce qu’il était mauvais communicant. Ses pairs lui ont fait comprendre qu’il l’avait bien cherché en se croyant plus malin que les autres… Il convient de préciser que c’est une insatisfaction permanente des hommes qui a conduit Spinoza à une sorte de renoncement. Ce renoncement peut être comparé à une démarche de type religieux dans la mesure où il s'agit d'abandonner courageusement les illusions auxquelles sont attachés les hommes ordinaires à cause de la relativité de leurs désirs pour s'élever vers une approche plus absolue du monde reposant principalement sur l'activité de l'esprit. A polir encore et encore ses lentilles de verre brut, il avait eu le temps de réfléchir sur la brillance, l’apparence, la transparence, la pureté, l’utilité d’éliminer l’inutile pour approcher la perfection.  A regarder le monde au travers de ses lentilles, il visait la possession d'un "bien" pouvant lui procurer la satisfaction la plus haute qui soit: "quelque chose enfin dont la découverte et l'acquisition me procureraient pour l'éternité la jouissance d'une joie suprême et incessante".

Il ne s'agit donc pas d'un renoncement ascétique, mais au contraire de la décision de trouver la mesure de la joie, le chemin de la vraie satisfaction qui consiste pour l'homme à dépasser la relativité de ses passions quelques peu ridicules vues de loin pour satisfaire ce qui est le propre même du désir et de l’humain : la connaissance qui nous relie au tout (- dont nous ne sommes que des parties) et qui dans le même mouvement nous relie les uns aux autres. Il s'agit là d'un "bien véritable et qui pût se communiquer". Malheureusement pour lui, s’il était très en avance sur son époque, il fallait par contre vraiment s’accrocher pour le comprendre et les idiots ne le lui pardonnaient pas. Il faut reconnaître que la rigueur géométrique et rébarbative de son expression demande un effort important de déchiffrage, elle n’était et n’est toujours pas à la portée du premier venu car ses talents de pédagogue ne correspondaient pas à la hauteur de son génie.

Lève les yeux...

Lève les yeux...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires