Page du 15 avril 2021 jour historique...
Faire le tri dans ce qu’on raconte pour n’en garder que le fin mot de l’Histoire n’a rien d’évident, c’est un métier et si je n’ai rien d’un historien, je prends quand même plaisir à essayer de comprendre de quoi je parle. Pour le coup, si Jésus était un homme hors du commun, j’éprouve quelques difficultés à en faire un Dieu.
Les Romains étaient gens ordonnés et méthodiques et il me semble que si Jésus avait accompli tous les miracles qu'on lui attribue dans les Évangiles, il y en aurait eu quelques traces officielles, même discrètes. Ces miracles ne se sont pas passés dans un coin perdu au milieu d'une population arriérée et ignare mais ils se sont produits (- paraît-il) devant une foule de témoins dans l'Empire romain au cœur de la population juive, où en plus devaient circuler de nombreux voyageurs susceptibles de colporter sinon une information, au moins une rumeur. Les administrateurs romains sensibles à tout ce qui pouvait troubler l'ordre public, et qui avait l’obligation d’envoyer quantité de rapports à Rome puisque les chemins ne manquaient pas, n’ont rien signalé (- en tout cas, s’ils l’ont fait, il n’en subsiste rien de connu)... Si donc ce qui nous est parvenu des prodiges extraordinaires accomplis par Jésus devant un public nombreux, est vrai selon les Évangiles, il est tout de même extrêmement étonnant qu'il n'en soit fait mention ni dans les chroniques du temps, ni dans des lettres, des documents administratifs ou des récits d’écrivains de l’époque autant latins que grecs, juifs ou égyptiens … Rien ! C'est tout de même étrange ! Et on a beau creuser, on ne trouve rien non plus ni chez Philon d'Alexandrie, ni chez Velleius Paterculus, deux historiens contemporains pourtant renommés. Même si cela ne se produit qu’exceptionnellement, des pans entiers de notre Histoire ont pu être effacés brutalement (- par exemple, tout le règne de Caligula a disparu des livres de Tacite), mais franchement, avouez que ce ne serait pas de chance que cela soit tombé sur Jésus.
Et pour l’occasion, d’autres bien plus qualifiés que moi ont mené leur enquête. En fouillant les vieux manuscrits fragiles et poussiéreux de l’époque, il leur a fallu beaucoup de patience pour enfin trouver une brève allusion à Jésus de Nazareth dans le Testimonium Flavianum, un témoignage de Flavius Josèphe, historien juif de la fin du 1er siècle… mais son authenticité fait débat dans la communauté des exégètes. La brève allusion à Jésus, rare et donc précieuse, se trouve aux paragraphes 63 et 64 du Livre 18 des Antiquités judaïques, dont subsistent plusieurs manuscrits datant du Moyen Âge, ainsi que dans deux ouvrages d'Eusèbe de Césarée (L'Histoire ecclésiastique et la Démonstration évangélique). Ce texte, et donc ce que nous dit l’Histoire, est cependant suspecté d'avoir été surajouté (- "interpolé" dans le jargon de la philologie): "En ce temps-là paraît Jésus, un homme sage, (si toutefois il faut l'appeler un homme, car) ; c'était un faiseur de prodiges, un maître des gens qui recevaient avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Juifs et aussi beaucoup de Grecs ; Celui-là était le Christ. Et quand Pilate, sur la dénonciation des premiers parmi nous le condamna à la croix, ceux qui l'avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. (Car il leur apparut après le troisième jour, vivant à nouveau ; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet). Jusqu'à maintenant encore, le groupe des Chrétiens (ainsi nommé après lui) n'a pas disparu.". Voilà toute l’Histoire… Et hop… ça, c’est fait : on tourne la page des vieux manuscrits et l’on peut retourner sereinement à nos contes et légendes…