Page du 18 avril 2021 jour d'écriture...
Si, il y a six mille ans, une bestiole incongrue n’avait pas eu l’idée saugrenue d’inventer l’écriture pour transmettre l’information, la conserver et y placer tant de poésie, d’une part, nous ne serions pas réunis autour de ce texte mais surtout, nous n’aurions jamais vu le jour… D’ailleurs, on ne s’est jamais vraiment remis de l’invention de l’écriture : elle a transformé le monde bien plus que les armes… On l’a même idolâtrée… on a créé de toutes pièces des religions du Livre. L’histoire "malsainte" de ces beaux succès de librairie comme la Bible, le Coran ou bien la Bhagavad-Gita, remonte à très loin et elle est fascinante ! Je ne suis pas particulièrement verset dans le biblique, ni au Coran des cris sacrés, mais je suis quand même informé que ces vieux livres aplatissent fermement Dieu entre leurs pages et ne poussent l'évolution des hommes, au sens universel, que dans une direction bien définie servant des intérêts bien précis. Nul besoin d’être expert pour constater que le souci de leurs assembleurs a été de s’adresser à plusieurs types de lecteurs en ménageant à la fois les attentes plus convenues de la plupart ainsi que les exigences plus profondes de quelques-uns. Contrairement à ce qu’ils voudraient laisser croire, les concepteurs n’usaient pas de manière naïve d’un langage accessible à tous qu’ils certifiaient avec vigueur d’origine divine. Mais je peux vous assurer qu’on peut faire en vain le tour du monde des bouquinistes… pas moyen de trouver un exemplaire dédicacé…
Tout bouge, tout change et de plus en plus vite en raison de notre nombre croissant exponentiellement. Nos jeunes générations sont de plus en plus aspirées par leurs écrans et, submergées d’infos diverses, ne lisent plus que des bribes de récits et les grands titres des journaux. Nous sommes éminemment plastiques, mais comment peut se former un esprit de synthèse dans une telle explosion ?… On peut s’interroger sur ce que serait un monde sans livre, sans la Bible et le Coran, mais surtout sans Aristote, Shakespeare, Descartes, Spinoza, San-Antonio, Gaston Lagaffe et tous les autres, c'est-à-dire sans toute cette intelligence imprimée : notre civilisation n’y survivrait pas. Tous ces gens sont morts et depuis fort longtemps pour certains… ce sont les seuls morts qui valent car ils continuent à parler aux vivants au travers de leurs livres quand les autres ne sont plus que poussière. D’ailleurs, depuis que je sais lire et après avoir passé tant de temps en compagnie de ces milliers d’auteurs du passé, je ne crois plus au temps, juste aux instants… ils m’ont offert un concentré d’éternité où me réfugier et m'épanouir.