Page du 16 juillet 2021 jour fanatique...

Croire ou savoir, il faut choisir… La tentative de démarcation entre croyance et connaissance de Kant n’a pas calmé les relations tumultueuses entre ces deux termes. La philosophie joue de l’accordéon, elle ne cesse de les éloigner et de les rapprocher, de les distinguer et de les opposer, que ce soit à un niveau individuel ou collectif et dans tous les domaines, sociaux, scientifiques, religieux… poussant la note, parfois, jusqu’au paroxysme de la violence. Même quand le savoir devenu scientifique est vérifiable expérimentalement (- la Terre est sphérique ou les vaccins limitent les épidémies), cela n’empêche pas des croyances opposées, et paradoxalement, il peut même les susciter (- la Terre est plate ou les vaccins sont nocifs à la santé).

Nous avons eu tant de mal à nous faire une petite idée du monde où l’on est tombé qu’on s’y accroche mordicus… Soit j’ai raison, soit je n’ai pas tort ! Nos idées sont courtes mais il est large le chemin qui mène à la perdition... Nous avons tendance à ne voir que ce que l’on espère et espérer quelque chose et le perdre, c’est pire que de ne jamais rien espérer. Qu'est-ce que la Chute de Camus sinon la poursuite d'une vérité et l'assurance absolue de l'avoir trouvée ? C’est aussi la passion pour un dogme, la fixation dans un dogme. Le fanatisme en résulte, tare suprême qui donne à l'homme le goût du fiel de l'efficacité apparente, de la prophétie, de la terreur…la terreur, lèpre lyrique par laquelle le fanatisme contamine les esprits, les soumet, les broie ou les exalte... Derrière tout fanatisme, il y a une passion à l’œuvre, une scissure, une souffrance souterraine qui vous transporte au-delà du bien et du mal comme si vous étiez surhumain et un gros problème sexuel... Il faut être sacrément frustré pour, par exemple, rêver à 72 vierges après sa mort… N'y échappent que les sceptiques (- ou les fainéants et les esthètes) mais, vus de loin, ces martyrs du bons sens ne sont plus des signes de vie sur Terre suffisamment probants.