Page du 20 juillet 2021 jour de Jeanne d'Arc...

En 1431, à une époque où les bergères filaient doux, la foi sauve disait sur son bûcher Jeanne d’Arc, la plus célèbre des femmes au foyer… c’est ça, tu as raison, la foi sauve…. A vouloir jouer à Game of Thrones, elle a fini en odeur de sainteté carbonisée par un Cauchon et ne s’est éteinte qu’environ deux heures après sa mort comme le bruit circule sur le Net. Jeanne la schizo préférait "un bon message spatial"… elle avait trop tiré sur  le câble sans trouver d'antenne. Ce n’est pas l’amour qui l’a consumée mais sa violence aveugle : elle avait réussi à avoir sa propre petite armée. Tout feu, tout flamme, faisant feu de tout bois, notre jeune icône ultra-nationaliste a préféré faire la guerre, pas l’amour. Peut-être parce que c’est plus facile de bien la faire. Elle aurait dû insister pour avoir une banane flambée sur sa bannière au lieu d’une fleur de lys...

Comme nombre de nos contemporains, Jeanne entendait des voix qui lui demandaient de bouter les étrangers hors de France. On en pensera ce qu’on voudra, mais pour ce qui est des Anglais, elle avait raison. Elle reste avant tout une bonne raison de plus de les détester : ils ne l’ont pas crue alors ils l’on cuite. De plus, ils ont osé la cuisiner à la menthe en trois crémations! On pourra toujours dire qu’elle en avait entre les jambes mais, si elle a osé multiplier les coups de bluff avec beaucoup d’aplomb et de charisme, elle était légèrement dérangée et très peu raisonnable. Ce qui émergeait de sa conscience tout autant que de la nôtre est fait entre autre de sensations, d’émotions, de sentiments, de connaissances et de croyances et dans ce fatras, il est parfois difficile de trier et de trouver une voie raisonnable surtout quand on manifeste quelque symptômes de troubles de la personnalité. Si un fou souhaite être raisonnable dans un monde de fous, il me semble qu’il devrait commencer par séparer la croyance (- qui répond à un besoin d'ordre émotionnel) de la conscience et de la connaissance rationnelle et méthodique. Si on ne mélange pas ces domaines, les deux pourraient ne pas se détruire en nous ni en dehors.

Comme nombre d’entre nous, Jeanne la pieuse se fit sa petite idée de Dieu pour que ses misères apparaissent comme venant d’en haut et non pas d’elle-même. Elles sont moins pénibles au soleil divin. Elle avait l’excuse de sa jeunesse pour croire à un destin mais il est bien plus probable que ce que nous appelons le destin (- surtout quand nous l’estimons injuste) n’est que le résultat de l’indifférence du Dieu que nous nous sommes attribué (- si vous parvenez un jour à créer une religion non déterministe, faites-moi signe…). Nos croyances sont pourtant têtues et ont réponse à tout : quand les choses tournent mal, on peut certes douter comme un Jésus sur sa croix, mais comme nous ne comprenons pas qu’un Dieu aussi bienveillant ait pu le permettre, nous nous disons alors que cela doit obéir à quelque dessein mystérieux, que nos sacrifices étaient insuffisants, que nos prières manquaient de foi, que sa colère était trop grande et nous voilà rassurés… on peut partir en fumée tranquille. La vision de la justice en ce bas monde n’est pourtant que le plaisir de Dieu seul, Jeanne et nous, sommes puérils et pitoyables.