Page du 22 octobre 2021 jour à la une...

Albert, Charles, William, l’éternelle Elizabeth… que de têtes couronnées dans nos kiosques à journaux… Quelle nostalgie de leur morgue et de la schlague nous pousse à tant d’attention et de considération pour les paillettes de cette noblesse de carnaval ? Pourquoi Stephan Bern ? Le royal "régalien" vient bien de "se régaler", non ? Si ce n’est pas le cas, ça y ressemble beaucoup. Même un gamin est capable de se rendre compte que la noblesse de nos livres d’Histoire n’était qu’une mafia de parasites s’appropriant et mettant en coupe réglée des pays entiers. Bien sûr, vous aviez toujours le choix, mais c’était entre faire partie des laquais respectant les ordres sans mot dire et une vie de hasard œuvrant à sa ruine vers une mort précoce. Ils arrivaient en force chez toi, te disaient "- Maintenant c’est chez moi" et si tu ne l’admettais pas, ils t’embrochaient tranquillement de leur épée… Les rois n’en n’étaient que les parrains les plus cruels et les plus vicieux. Ils s’acoquinaient systématiquement avec le clergé en prenant appui sur la religion pour en faire leur caution et soulever le monde à leur guise. "Dieu est mon droit" vous crachaient au visage les rois anglais…

 Il y a fort longtemps, au 5^ème siècle avant J.-C, Euripide (- dans son Bellérophon dont il reste quelques fragments)  s’exprimait tout autrement : "On affirme que dans le ciel il y a des dieux ! Il n'y en a pas, non, il n'y en a pas. Cessez de répéter sottement cette vieillerie. Ne me croyez pas sur parole, voyez de vos propres yeux. Je prétends, moi, que les tyrans font périr les Hommes par milliers, qu'ils les dépouillent de leurs biens, qu'au mépris de la foi jurée, ils détruisent les cités et que, malgré cela, ils sont plus heureux que ceux qui adorent chaque jour tranquillement les immortels."…

C’est donc une vieille histoire qui n’a jamais cessé… Méprisants et supérieurs, les rois ont défilé en toussant, ils se fichaient bien de nous, ils avaient une quinte royale ! Depuis l’empereur Constantin, l’Église et sa Croix de guerre trinque avec le bourreau. Le sabre et le goupillon ont longuement marché de pair et Louis XIV cadençait : "une foi, une loi, un roi"… le roi danse... Pendant des siècles, la justice elle-même s'est appuyée sur le jugement divin : cela la revêtait d'un habillage idéologique destiné à conférer un semblant de cohérence entre les actes de justice et les croyances religieuses. Tant qu’elle reste dans le domaine intime, votre foi ne dérange personne et tant mieux si elle vous fait du bien mais quand elle s’instrumentalise à l’extérieur, elle se retourne contre tous : elle a longtemps été le meilleur des suppositoires pour faire passer la pilule. Comment tolérer un tel cynisme ?  Entre temps, des gens éclairés se sont battus et ont consacré leur vie pour que la laïcité s’impose dans notre République. Il s’agira toujours d’en perfectionner l’application mais remettre en question son principe est une abjection… En tout cas, je rétorquerai à l’Anglais (- avec l’aide de Marcel Cerdan ou de Tony Yoka)  "Dieu et mon droit… mais j'ai aussi un sacré crochet du gauche"…

(en prime, "Le sabre et le goupillon" par Jean Ferrat)

Jean ferrat - Le sabre et le goupillon

https://www.youtube.com/watch?v=gx2adnaYLpg