Page du 30 novembre 2021 jour au mille questions...

(Photo Marcia Keegan)

Nous perdons une bonne partie de notre vie à lui trouver un sens… Si tu ne comprends pas ce que tu fais là, si tu te sens tout petit riquiqui dans le grand univers, si le vide entre les étoiles te flanque le vertige, si, pour te rassurer, il t’est impossible d’imaginer un monde sans une cause externe, un monde qui serait là de toute éternité, si tu insistes et t’obstines à imaginer une force hors de l'univers et de notre réalité (- par prudence… sait-on jamais… c’est peut-être le cas…), tu te bricoles un créateur en plus de ton père et de ta mère (- ou autres combinaisons dégenrées). Ce ne peut être qu’une croyance qui utilise l’argument que tout effet a une cause. Mais comment pourrait-il y avoir une cause sans cause ? Qu’elle serait la cause de cette cause externe ? Et la cause de cette nouvelle cause ? …etc… Notre Dieu ne serait que le petit dernier en bout de queue d’une liste sans fin, un sous-fifre en quelque sorte. Effrayé, tu arrêtes la machine folle, tu tires sur la sonnette d’alarme et tu hurles "Dieu ! Un point c’est tout et fermez vos gueules !"… Comme les accros à la Thora, tu auras beau jeu alors de faire dire à Dieu "Je refuse de prouver que j'existe, de dire ce que je suis et comment je suis car prouver, décrire, c'est renier la foi et sans votre foi, je ne suis plus rien du tout".

Ce n'est manifestement pas l'existence de Dieu qui pose problème… c'est la nôtre. Qui sommes-nous ? Tout ou rien ? Personne ou une personne ? Une créature ou un créateur ? Quelques milliards de neurones en ébullition ou le rêve d’une illusion ? Un animal ou un poème sur patte ? Pourquoi sommes-nous là ici-bas ? Que l’on réussisse enfin à répondre à ces questions enfantines et ce serait le triomphe de la raison humaine : nous comprendrions enfin la pensée divine et nous pourrions nous en passer, nous cesserions alors de nous torturer les méninges… Mais, à l’heure du Cyber espace, une autre aussitôt prendrait le relais : "suis-je ?"… Nous ne sommes qu’un point d’interrogation entre les étoiles.

Si tu fais le simple constat que tu es dans l'univers, donc que tu en es logiquement le produit (- on n'a aucun élément factuel qui nous mettrait sur une autre piste), il n'y a pas de croyance. Il n'y a croyance que dans la tête du croyant qui projette sa propre façon de raisonner, celle visant à donner du sens. On pourrait dire que donner du sens est le destin de l’homme même si on ne croit pas au destin. Car sans cette fonction de donner du sens, l'homme peut survivre, mais ne peut pas vivre : vivre ce n’est pas simplement respirer.