Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 2 décembre 2021 jour d'embouteillage...

Denis Vallier

Notre cerveau est un prodigieux réseau d’une complexité inouïe mais cela ne nous empêche pas de nous vautrer devant une émission d’Hanouna à  la télé ou de voter Zemmour. C’est peut-être bête ce que je dis, mais les connaissances actuelles des neurosciences le confirment : la moindre de nos pensées nécessite de l’énergie, c’est de la lactase, des cétones ou du glucose recyclés par nos neurones même quand nous pensons des âneries. Ensuite, nos actes, nos paroles, nos écrits colportent nos idées comme le réseau ferroviaire nous transporte. Aussi bien à titre individuel que collectif, l’énergie (- on l'appelle comme on veut) qui nous anime ne se perd pas : la conservation de l’énergie est un principe physique incontournable du moins dans cet univers… comment nos pensées même stupides sont-elles recyclées ?...

Chacun de nous vit, sans bien s’en rendre compte, dans un monde en équilibre instable que seule une course frénétique vers l’avant maintient sur son fil : nous vivons à crédit et pour faire tourner notre économie, nous accumulons des dettes pour plusieurs générations. Nous pillons sans vergogne des ressources naturelles définitivement irremplaçables… quant à notre environnement, ce n’est plus un emprunt mais une spoliation, nous lui avons déjà flanqué le coup de grâce. Il faut vraiment avoir le moral et confiance en l’avenir pour continuer à foncer ainsi… ou bien nous sommes complètement stupides ou bien cyniques et égoïstes, chacun se disant "après moi le déluge" ! Le réseau économique colossal que nous animons repose sur des bases particulièrement fragiles qu’un impondérable virus peut bloquer du jour au lendemain : il suffit de voir les réactions disproportionnées des Bourses à la moindre inquiétude… Attention aux retours de manivelle*…

Il y a une dizaine d’années, des experts ont calculé que si quelques centaines de nos trains s’arrêtaient brutalement en même temps, nous retournerions à l’âge de pierre, les pieds gelés et la faim au ventre ! Quand un train accélère, il utilise évidemment l’énergie du réseau mais quand il freine, il restitue le courant de son énergie potentielle dans le réseau. Je ne sais pas si nous nous sommes mis à l’abri d’un piratage informatique qui forcerait l’arrêt brutal et simultané de ces quelques centaines de trains en envoyant ainsi des milliers de kilowatts à chaque transformateur le plus proche. Ces transformateurs ne supporteraient pas un tel surplus brutal et tomberaient en panne, l’énergie continuerait d’affluer, les serveurs grilleraient à leur tour et en remontant ainsi, tout le réseau s’effondrerait étage par étage malgré les redondances et cela se répandrait sur toute l’Europe. Tout serait fini quasi instantanément et il faudrait des semaines, voire des mois ou même des années pour réparer les maillons détruits et remettre tout ça en route… la sauvagerie aurait largement le temps d’envahir nos rues.

Page du 2 décembre 2021 jour d'embouteillage...

Nous en avons déjà eu la démonstration le 13 juillet 1977 : à 21h 30, une gigantesque panne d’électricité a frappé New-York et le courant n’a été rétabli que 24h plus tard. Pendant ce célèbre black-out, plus de 1600 magasins ont été pillés ou incendiés, 4500 personnes ont été arrêtées et 550 policiers ont été blessés. L’explosion de violence et de crime a été instantanée et une peur sourde s’est installée, les gens sont retombés dans la nuit des temps et ont eu peur du noir, peur des uns des autres, la civilisation a momentanément disparu. Le dimanche suivant, un prêtre est monté en chaire devant sa congrégation et leur a dit : "à présent, nous n’avons plus de Dieu !"… par contre, neuf mois plus tard, il y a eu un pic de naissances…

Même si le pire n’est jamais obligatoire, ce scénario catastrophe est envisageable collectivement tant notre aveuglement est total. Mais ce qui est valable pour tous, l’est pour chacun de nous : à titre personnel, on risque à tout moment la même embolie physique ou mentale si trop d’idées pourries bouchonnent au goulot… mieux vaut donc entretenir la machine, purger régulièrement la bête, se nettoyer la tête et vérifier l’efficacité de ses fusibles.

* (- pour les jeunes générations, on mettait en route les automobiles en lançant le moteur avec une manivelle et quand on ratait son coup, la manivelle repartait en arrière en vous niquant le poignet…)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires