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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 22 décembre 2021 jour des ancêtres...

Denis Vallier

Depuis que nous arpentons cette planète, nous nous sommes toujours battus comme des chiens pour des terres, de l’eau, des pâturages…  A part les Américains qui ne se sont pas gênés pour exterminer Amérindiens et bisons ou les Australiens qui ont noyé les autochtones dans l’alcool, en général, on justifie son bon droit en faisant référence à des ancêtres censés avoir occupé la place les premiers. En 1939, Hitler a lancé ses chars en Pologne pour récupérer la Silésie germanophone ou reprendre l’Alsace-Moselle à la France, Poutine vient de retourner en Crimée et s’apprête à avaler un autre morceau de l’Ukraine russophone, les Juifs du 21ème siècle réclament l’héritage des Hébreux… Mais que savons-nous réellement de nos ancêtres ? Et pour commencer, qui étaient-ils vraiment quand n’importe qui peut être le rejeton du voisin ?

Les tests ADN que le commerce nous propose sont très fantaisistes : leurs pourcentages n’ont qu’une valeur statistique négligeable… Comment puis-je savoir précisément d’où je viens et connaître ma lignée ? Par le nom ? Si les cocus volaient, il ferait nuit… Qui étaient vraiment mes ancêtres il y a 2, 3 ou 5000 ans avant des déplacements et des brassages en tous sens ? Eh bien je vais te dire… je m'en contrefiche tout autant qu’être né ici ou là : je n'irais pas massacrer les Piémontais et les enfermer dans des camps sous prétexte que mes lointaines aïeules des Hautes-Alpes se sont probablement fait passer dessus par des violeurs lombards en maraude : on leur a déjà rendu la pareille dans les grandes largeurs. Toutes ces histoires d’ancêtres ne sont que des contes et légendes…

Certes, je suis Français… mais dans mon sang coulent des étrangers par millions. Il y a du sang de paysan lorrain, de Richard Wagner (- je suis sérieux : un musicien de Leipzig mais pas le plus connu), de gouvernante des Alpes, un peu de sang bleu, vert, jaune, du sang de Chinois venus se perdre à Marseille… je m’y perds moi aussi  dans cette vérité… Je suis un Français de tant de souches que mes pieds ne reconnaissent pas de terre natale. Certes, je suis d’un peuple et d’une nation, mais un peuple, qu’est-ce que c’est ? Est-il ethnique ou culturel ? Quant à la nation, c’est du flan… Je vous le dis, c’est dans la tête que ça se passe… Le Marseillais se dit Marseillais, l’Alsacien se dit Alsacien, le Breton, Breton, le Basque, Basque et le Corse, c’est pire encore… Il se trouve qu’effectivement je suis né en France, mais en France, où est-il le Français dont on parle ? Nous sommes risibles avec nos petits drapeaux de supporters et nos appartenances illusoires et fantasmées : nous ne serons-jamais lavés des invasions guerrières et de la multitude des bévues ancillaires. Depuis 150 000 ans, qui que nous soyons, nous descendons tous de la même Ève mitochondriale, nous sommes donc tous cousins et une bande de bâtards, même De Villiers… et c’est heureux pour sa santé. Des cousins de diverses origines, aux langages différents qui apprennent à vivre ensemble, ne serait-ce pas la plus belle histoire du monde ?

(Photo : reconstitution d’après son crâne et son ADN du visage de "l’homme de Cheddar" vieux de 10 000 ans … qui n’a vraiment rien d’un "Anglais"  et pourtant…)

(Photo : reconstitution d’après son crâne et son ADN du visage de "l’homme de Cheddar" vieux de 10 000 ans … qui n’a vraiment rien d’un "Anglais"  et pourtant…)

(Photo : reconstitution d’après son crâne et son ADN du visage de "l’homme de Cheddar" vieux de 10 000 ans … qui n’a vraiment rien d’un "Anglais"  et pourtant…)

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