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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 6 décembre 2021, jour en compagnie de Diogène...

Denis Vallier

Après la condamnation de Socrate, Platon fut le premier indigné de l’Histoire. On raconte qu’un jour, il traita Diogène de chien et que, sans hésiter et en levant la jambe, celui-ci lui aurait pissé dessus… Ils ne s’appréciaient guère il est vrai, Athènes était un peu petite pour deux maîtres de cette taille… Si Platon était un indigné, Diogène de Sinope, le déraciné, fut le premier citoyen du monde. Né de famille aisée, il avait dû quitter les bords de la Mer Noire et prendre les chemins de l’exil à cause de quelques malversations de son père. Au passage, il cocha la case "esclave" où, quand on se renseigna sur ce qu’il savait faire, il demanda s’ils avaient besoin d’un maître… Bref, il atterrit à Athènes, une main devant, une main derrière et cet énergumène mit très peu de temps à les enlever. Il était le plus perturbant des provocateurs, pertinent autant qu’impertinent, féroce et ricanant, il osait tout, bousculait, renversait tout : la propriété, l’ordre, la bonne conscience, les valeurs. Rien ne résistait à cette tempête sur pieds. Il demandait l’aumône aux statues pour s’habituer à notre indifférence et, cherchant un homme, un vrai, il balançait sa lanterne sous le nez des puissants en plein jour et les traitait de sous-merdes… Quand on lui reprochait de s’astiquer en public pour calmer la bête, il vous rétorquait "Plût au ciel qu'il suffît aussi de se frotter le ventre pour ne plus avoir faim !"… Mais il ne croyait pas au ciel, il se suffisait, il croyait en lui et c’était déjà trop. Ses aboiements à la lune couvraient même les ronflements des dieux. Il devait déjà se dire qu’ils reconnaissaient les chiens…

(Peinture : Diogène par Jules Bastien-Lepage -1873)

(Peinture : Diogène par Jules Bastien-Lepage -1873)

      Quel était cet homme qu’il cherchait ? L’idéal théorisé par Platon ou un autre chien ? Sur les traces de Diogène, l'athée se considère comme un animal parmi les autres... La répétitivité des attitudes et des comportements des animaux nous font croire un instant à notre étrangeté, mais, à mieux y regarder et à bien des égards, nous sommes très semblables, très répétitifs nous aussi dans nos réactions et peu variés dans tous les instants de nos vies quotidiennes. On se dit qu’un Lapon n’a rien à voir avec un Pygmée et pourtant, ils partagent tant en commun… Comment se mettre en tête, par exemple, que le sport national à Madagascar soit la pétanque !… Les êtres vivants ne se ressemblent guère en apparence, mais les briques qui nous construisent sont identiques et nos structures très proches… ce qui nous distingue peut-être des autres bestioles, c'est que, parfois, nous en éprouvons une grande lassitude sans vraiment pouvoir faire autrement. Le propre de l'homme (- ce grand singe parmi les autres qui se souvient des arbres), c'est de se prendre pour ce qui n’existe pas : un dieu qui fait ce qu'il veut sur cette planète, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Nous détruisons aussi bien nos semblables, notre organismes que la planète… nous possédons le potentiel pour la faire sauter vingt fois, voilà une supériorité indéniable par rapport au macaque.

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