Page du 10 février 2022 jour d'arc-en-ciel...
Gaïa, toujours renouvelée, veille sur son petit monde du coin de l’œil comme le ferait une mère… Tous ceux qui prônent un retour à la nature vous le garantiront… on finirait presque par y croire : comment faire pour rester terre à terre sur cette mère amère ? C’est bien gentil d’ouvrir lucidement les yeux sur le monde, mais la cohérence et la lucidité ont un prix plutôt salé : elles éliminent toute magie, elles tuent tout romantisme dans l’œuf. Que notre existence se montre minée par les déceptions et les deuils ou bien généreuse et belle, nous nous interrogeons et ne trouvons aucun sens à la vie lorsque l’on prend conscience de sa durée limitée. Ce sens nous dépasse toujours très largement, mais peu importe, par peur du vide, il nous en faut un à tout prix. Le besoin de tout savoir, de tout contrôler naît dans la peur. Notre nature psychique nous pousse ainsi à vivre au-dessus de nos moyens et à ne pas pouvoir faire autrement. Et c’est pourquoi ce monde est fou et tourmenté… Peu importe, à part quelques sages vénérables et quelques inconscients, chacun continuera à braver les chimères, à courir toujours plus vite en avant de soi jusqu’au vertige…
D’ailleurs à un moment ou à un autre, il est probable que tout humain cherchera son salut par des sauts périlleux hors l’excès de destin qui lui tombe dessus. On décide de sauter, de se jeter, de pourfendre, et toucher à l'état brut, au concret terminal. On rêvera d'un élan continu, d'une caresse infinie, d'un contact ondulatoire et quantique avec le réel. On résistera, se déchirera soi-même, longtemps, jusqu'au silence, jusqu'au cri ultime. Nous vieillirons à fleur d'aventure, nés de la veille, ouverts aux douceurs brumeuses, gorgés de confiance. On voudra alors user de sa lucidité, la brandir comme une torche, trancher par sa cohérence : la vie, c'est soit noir comme la mort, soit blanc comme la mort. Et puis on voudra renaître, voir à nouveau le soleil se lever, une féerie d'arc-en-ciel, fondre d’amour, accueillir une autre larme et s’élever nos espoirs. Mais comment aimer les arcs-en ciel et en même temps détester la pluie ?