Page du 18 février 2022, jour encordé...
Les petites filles, les violonistes et les sados-masos jouent avec, mais pour un physicien, une "corde" (- string en anglais) est une brique fondamentale de toute matière : un point vibrant, c’est plus que petit, c’est insignifiant, sauf que ces élastiques vibrent plus ou moins et constituent ce que nous prenons pour des particules. La Théorie des cordes est superbe et bien tressée : si les cordes vibrent beaucoup, elles ont une masse importante, si elles vibrent peu, elles sont légères comme des photons… tout ce petit monde inférieur au subatomique m’échappe allègrement, je le traverse dans mes lectures en diagonale de Science & Vie. Si elles manquent de rigueur scientifique, elles ouvrent un terrain de jeu à mon imagination qui est loin de valoir celle de Veneziano, d’Edward Witten ou de Stephen Hawking, ces physiciens d’exception capables de se promener main dans la main dans l’infiniment petit… J’ai quand même compris que cette théorie se heurte à la question des limites et de l’infini et que nos dimensions macroscopiques lui sont insuffisantes : en plus de nos quatre habituelles, il nous faut accepter des dimensions supplémentaires sorties d’on ne sait où pour la faire tenir ensemble et, en plus un graviton qui ne vibrerait pas et qui véhiculerait l'interaction gravitationnelle…
On s’imagine souvent l’infini très grand mais n’oublions pas qu’il va bien sûr dans les deux sens. Par exemple, Pi est-il infini ? Si oui, je ne connaitrai jamais le périmètre précis d’un cercle par rapport à son rayon sans utiliser une ficelle, une sorte de petite corde dont je sais encore me servir. D’ailleurs, qu’il y a-t-il entre deux nombres puisqu’on peut caser sans fin des chiffres après la virgule ? L’existence ou non d’un infini intermédiaire entre celui des nombres entiers et celui des nombres réels est une question que les mathématiciens et les logiciens pensaient impossible à trancher et qui pourrit la vie des physiciens. Allez faire des calculs dans l’infiniment petit avec une infinité de chiffres derrière la virgule. L’Américain W.Hugh Woodin est un mathématicien spécialisé dans les ensembles qui pense autrement et ses travaux indiquent une voie possible pour résoudre cette énigme centrale posée par l’infini. Des physiciens s’y engouffrent pour faire apparaître dans l’infiniment petit des dimensions qui formeraient des nœuds si minuscules et d’une durée si brève qu’ils seraient imperceptibles mais, par leurs combinaisons, conditionneraient la vibration des cordes et donc toute matière, des quarks aux étoiles. On veut bien les croire, mais avouez qu’il faut une imagination fantastique pour avoir eu une idée pareille… Tout comme l’ADN détermine les organismes vivants, ces dimensions détermineraient notre univers.
À ce que j’ai lu dans mon Science & Vie, il y aurait le nombre de 10500 solutions aux équations de cette théorie… Pourquoi 500 ? Ne me demandez pas… puissance 500, un 10 avec 500 zéros derrière, cela dépasse toute imagination, en tout cas, il ne rentre pas dans la calculette de mon téléphone. Ce nombre effarant serait ridicule si, finalement, l’infiniment petit ne rejoignait pas l’infiniment grand (- qui n’en est que la somme monstrueuse) et son hypothèse de l’inflation et du multivers… on n’est pas à quelques zéros près. La Théorie des cordes permet de résoudre des problèmes de cosmologie ou de la physique des trous noirs, mais comme il se doit, elle est régulièrement contestée et remise en cause. En tout cas, l’infiniment grand aura toujours besoin de l’infiniment petit (- et sans doute vice versa), les deux s’appuient justement sur ces grands nombres pour faire tenir le tout ensemble… car en réalité, tout ne peut que tenir ensemble puisqu’il est bel et bien là et nous plantés au milieu à nous gratter le crâne… Comme souvent, je suis dubitatif et ironique… je me moque tout autant de l’astrologie, de la mémoire de l’eau, de l’homéopathie ou de ceux qui croient aux vertus thérapeutique des pierres… mais je devrais être plus prudent : manifestement, il y a des vibrations autour de nous, comme de petites musiques cachées dans la matière et nous tressaillons de concert. Certaines personnes y sont peut-être plus sensibles que d’autres quand elles se mettent en résonance…