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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 22 février 2022, jour de suicide collectif...

Denis Vallier
Page du 22 février 2022, jour de suicide collectif...

Le yoga vous délie tout comme la méditation vous assainit l’esprit… le bonheur est dans le souffle jusqu’au dernier… Mais je dis des bêtises : il y a en ce moment des tas de marchands de bonheur, de gourous et de sectes qui proposent des modes d'emploi pour une vie heureuse garantie mais la marchandise n’est pas bon marché. La Scientologie ou le Moonisme en pleine expansion mondiale, par exemple. Les gourous profitent de notre tendance naturelle à vouloir avancer en restant couché, ils rapprochent à le frôler ce vers quoi nous devrions nous diriger : notre dignité, notre bonheur, notre être. De fait, les adeptes se retrouvent pieds et poings liés avec une dignité d'emprunt, un bonheur à venir, et un être à crédit. Et quand on voit que les affaires stagnent ou risquent de tourner au vinaigre, on organise un suicide collectif avant de recommencer sous d’autres cieux. Non, il n'y a pas de mode d'emploi pour le bonheur, ça n’existe pas... depuis le temps, ça se saurait... C’est peut-être injuste, mais on est doué pour ou on ne l’est pas, c’est tout…  

Jusqu’au bout, chacun s’occupe de son petit bonheur même s’il passe souvent par celui des autres. Pascal n'écrivit-il pas : " Tous les hommes cherchent le bonheur, même ceux qui vont de pendre...". Philosophes et psychologues ont démontré que l'on se suicide toujours par amour de la vie... Est-ce vraiment par excès ? s’interrogera le dépressif… Sans doute si l’on prend le cas de Bernard Buffet qui ne pouvait plus vivre par son art et qui s'est donné la mort dans le charmant village de Tourtour : n’était-ce pas parce qu'il sentait en lui trop de force vitale et créatrice que son Parkinson empêchait de concrétiser ? Et tel obsédé sexuel qui se pend en prison ou  tel autre encore qui se tue à cause de son impuissance… n'est-ce pas par excès de désir et donc de vie ?

Au contraire, ce n'est pas la vie mais la mort qui exige un mode d'emploi et les religions y ont vu leur intérêt d’emblée : avant de se soucier de morale, de justice ou de manière de vivre, elles prennent en charge une toute autre marchandise : nos peines… et elles assurent le service après-vente. Il y a belle lurette que l’on ne va plus à l’église que pour les enterrements officiés, une fois sur deux, par un curé africain (- on leur a envoyé des Pères Blancs, ils nous ont renvoyé des curés noirs… juste retour des choses). Et si jamais votre propre mort vous causait soucis, les religions vous garantissent la vie éternelle contre quelques aumônes. Mais en général, c’est la mort des autres qui nous affecte : d'abord il faut commencer par se débarrasser du cadavre, et ce n'est pas rien ! Au bout de quelques jours, on ne reconnaît plus son père, le cadavre de ceux qu’on aime n'est plus que de la viande avariée tout comme un fromage trop coulant n’est que du cadavre de lait. On confie ça à l’encensoir des curés, aux  sucs digestifs des asticots ou aux feux de joie des crémateurs… pourquoi ne pas s’adresser à un désosseur ? Un de ces gaillards-là ne mettrait pas bien longtemps pour vous le mettre en pièces. Ça vous épluche proprement les os sans se soucier du proprio : après tout, c'est une viande comme une autre. La mort nous sourit, tout ce qu’on peut faire, c’est lui rendre son sourire… On me l’avait déjà dit en Afrique, mais j'ai lu (- sans doute dans le Lotus Bleu ou une revue féminine quelconque) que, pour les Chinois, un Blanc sentait le cadavre à plein nez… Venant de ces gens si peu regardants dont les cours d’eau sont des égouts à ciel ouvert, il y a lieu de s’inquiéter : nous autres mal cuits, sommes-nous encore vivants ?

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