Page du 8 février 2022, jour de libération...

Nous autres, Hommes des cavernes, manquons de puissance pour en sortir, mais ceux qui trouvent la force nécessaire se rendent compte en pleine lumière qu’ils sont rentrés dans une prison gigogne bien plus grande…  Depuis que nous sommes descendus des arbres pour arpenter la planète, il n'y a jamais eu d'absolu lié à notre nature : quand on en a éprouvé le besoin, nous avons été obligés de l’inventer. À chacun le sien et les vaches seront bien gardées… Je ne crois pas en ton Dieu, je ne crois qu’au mien et  encore, pas tous les jours, mais il ne me vient pas à l’esprit de te l’imposer. De toute façon, c’est un moins que rien…

Hélas! Hélas! Comme tout le monde, celui qui ne croit en rien se crée, à sa façon, un Dieu qui n’existe pas à proprement parler mais qui sauve le don… et celui qui croit en un Dieu bien réel dans son esprit, ne crée rien, à part un esclave. C’est le lot commun : nous sommes toujours libres d’aimer nos chaînes, mais nous sommes tous restés plus ou moins des esclaves malgré nos révoltes et nos révolutions… Certes, nous le sommes moins qu’il y a de 2 ou 3000 ans, le concept d’égalité entre les Hommes n’existait pas alors. Deux mesures ou deux valeurs marchandes pouvaient être égales, mais pas les humains et tout le monde trouvait l’esclavage normal. Il ne nous venait pas à l’esprit de le remettre en cause (- même pour la plupart des esclaves qui devaient penser que c'était dans la nature des choses qu'il y ait des dominants et des dominés ou des vainqueurs qui exploitent des vaincus). Mais il est probable qu'un esclave de cette époque, ramené chez nous, accepterait volontiers notre morale actuelle. Serait-ce lié à un progrès général des idées ? Reste à espérer qu’il continue ainsi au fil du temps…

Hum… ce n’est pas gagné… Est-ce que, pour autant, vouloir croire que je ne crois en rien me rend plus intelligent, plus libre, moins esclave et me procure une estime qui me distingue du croyant ? Avant tout, croire ne plus avoir de croyance est une croyance naïve mais j’ai quand même le droit de croire qu'on a tort de croire. Mais n’est pas éclairé qui veut… Se dire que la vie démarre par un processus naturel, pour une raison inconnue, dure un certain moment, et s'éteint sans autre forme de procès, n’est ni glamour, ni rassurant. Rajouter que durant cette vie, nous avons comme préoccupations majeures de reproduire l’espèce et de nous maintenir en vie le mieux et le plus longtemps possible n’est pas plus emballant. Brute et sans artifice, cette vision lapidaire, voire terre à terre, ne fait pas envie du tout ! On dirait une bonne blague… Faire table rase des croyances anciennes pour un retour au Yin et au Yang sous vide contrôlé ressemble plus à une Bérézina intellectuelle ou à un départ précipité de Saigon sous les sourires jaunes des rationnels qu'à une pensée première et là, je parle pour moi.