Page du 19 mars 2022 jour des illusions retrouvées...
Une parabole soufie nous raconte qu’un enfant entra dans une pièce obscure avec une bougie allumée et tomba sur un sage qui se reposait. Le sage lui demanda " - Sais-tu d’où vient la lumière ?" Et l’enfant souffla la bougie… "- Si tu me dis où elle est partie, je te dirai d’où elle vient…".
"Le génie, c’est l’enfance retrouvée à chaque instant" se disait Baudelaire. Si l’on est toujours un grand enfant mais un brin philosophe et si on se prend pour un génie comme tous les gamins, on serait tenté de croire en la logique et la rationalité de la Science plutôt qu’en des entités fumeuses vivant dans le ciel. Mais c'est tout autant limité et subjectif que les religions ordinaires, tout autant abrutissant et misérable... Car je vois mal comment la tradition rationaliste occidentale s’appuyant sur la Science pourrait venir à bout du nihilisme qui caractérise notre époque quand la guerre revient frapper de plein fouet l’Europe. C’est ça le progrès ? "Le retour du tragique" de Macron ? L’ultranationalisme et le nihilisme ont des affinités profondes… et toute raison et tout repère fixe s’enfoncent irrémédiablement dans ces sables mouvants : le mal d’Hannah Arendt est effectivement de retour.
Si je considère la Science avec prudence et circonspection, je ne fais pas pour autant une apologie de l'obscurantisme : on voit trop bien où il mène... Je ne ferme pas les yeux pour ne pas voir : je dis que tout est illusion, que le piège est formulé de mille et une manières. Et pas de bousculade, il y en a déjà pour tout le monde. René Laforgue le dit bien mieux que moi : "Il est de la science comme du rêve. Elle nous impressionne par des vérités souvent au service exclusif de nos plus chères illusions qui sont nécessaires pour défendre le sommeil dont nous avons besoin pour vivre.".