Page du 23 mars 2022, jour suspendu...

Il est toujours bénéfique de prendre du recul… Depuis l’espace, on ne voit pas de frontière nous disent tous les astronautes… après avoir vu de leurs yeux la mince couche d’air si fragile de cette boule bleue perdue dans l’immensité de l’espace, ils redescendent sur terre marqués par l’expérience. Une très fine atmosphère, presque diaphane, nous protège du vide mortel : la vie, ça ne tient à rien... Ils seront définitivement changés et sont tous prêts à se mettre à l’espéranto… L’idée de territoires et de nation leur est devenue absurde et riquiqui. Qu’est-ce qu’une nation sinon une invention, un mythe que l’on nous a inculqué sur les bancs de l’école, un virus qui s’attrape en regardant la télé, une sorte de religion d’état que l’on honore d’un culte… On a toujours le culte entre deux chaises, celles de ses parents et on veut les rapprocher… On est prêt à se battre pour elles, on veut protéger à tout prix notre culture qui n’est qu’une manière de voir les choses et de les dire, c’est-à-dire une langue, des mots, du vent entre les lèvres… C’est la peur de perdre son accent et les siècles de feuilles mortes accumulés par ce vent qui rend Poutine méchamment nerveux en ce moment et fait des milliers de morts en Ukraine.

En fin de compte, par rapport aux trente-six formes de divinités et de religions qui nous encombrent la route et qui idolâtrent aussi bien le Messie judaïque que celui du PSG, je me dis qu’il n’y a même pas besoin de l’athéisme. Être athée ne suffit pas ! C’est la position du principe qui doit être évidée. Il ne suffit pas de dire que le patriotisme est un réflexe pavlovien, que la Science est un mirage ou que Dieu s’absente, se retire ou bien est incommensurable. Il s’agit encore moins de placer en remplacement un autre principe plus noble sur le trône : Humanité, Raison, Ethique… Il s’agit de prendre à bras-le-corps et d’accepter que le monde  est suspendu dans l’espace, qu’il ne repose absolument sur rien et que ce vide où nous sommes suspendus est le plus évident de son sens. Je ne cesse de répéter qu’on a tout intérêt à faire simple… il nous faut bien faire avec rien ou presque, juste un peu de soleil, un brin de poésie, et puis de l’eau fraîche et le plus d’amour possible.