Page du 30 mars 2022, jour immuable..

Il y a de fortes chances que je me trompe, mais malgré tout, s’il y a une seule et unique Vérité, c’est le monde réel, le choc ininterrompu des atomes. Tout bouge, tout change et nous sommes entraînés dans la danse. Certaines choses paraissent étrangement stables et c’est heureux : il est bon de retrouver quelques repères fixes le matin au réveil… Au saut du lit, les lois de la physique sont les mêmes que la veille… par exemple, lorsqu'un navire ou un animal se déplace à la surface de l'eau, le sillage qui s’ouvre à sa proue forme un V que l'on appelle le sillage de Kelvin. Peu importe la vitesse ou la taille de de ce qui se déplace, qu'il s'agisse d'un canard, des maquettes de mon copain Alain ou du kayak de Jean-François ou de Philippe, l'angle de ce sillage sera toujours de 39 degrés. Il serait différent sur un autre liquide. Lord Kelvin (- qui n’était pas qu’un zéro absolu) l’a déterminé en 1885. C’est une constante qui peut donc caractériser un liquide, sans doute liée à sa viscosité, à sa densité, et ce, quel que soit l’observateur. C’est comme ça, et puis c’est tout.

Jusque-là c’est facile, il suffit d’être très intelligent et de savoir compter pour saisir la réalité. La rationalité, péremptoire, je l’affirme, est la seule compréhension, partielle, totale ou successive, des rapports qu'entretiennent entre eux toutes sortes d'objets de toutes natures, perceptibles ou imaginaires, et qui peut, accessoirement, nous donner un début d’approche de la Vérité. Il n'y a donc plus même à penser : le réel suffit… Hé hé, c’est bien joli tout ça mais ça boite bas. Ici, le fait et la valeur ne font plus qu'un mais le réel est si fuyant...

"Vous devez être fier de votre savoir, il est pesant sans doute ?" et Einstein répondit "si je pèse ce que je sais par rapport à ce que j'ignore, je me sens léger". Ce que je pourrais traduire hermétiquement par : le poids de mon savoir est une plume sur mon lavoir, un centime de mes avoirs… Si Einstein le dit… A priori, péremptoire et définitif, je confirme : on ne sait rien, il n’y a aucune Vérité Absolue accessible, même pas celle-là (- ça me dédouane)… Dans ces conditions, plutôt que d’affirmer, il vaut mieux partir du principe qu’on se trompe… Le savoir d'aujourd'hui n'est pas obligatoirement celui de demain, c'est pourquoi j'énonce mes vérités avec appréhension car pour demain je ne suis pas sûr qu'elles soient justes et je ne serai plus là pour le vérifier. En disant cela, je ne cherche pas à dévaloriser mes vérités qui sont pour la plupart des croyances, car cela reviendrait aussi à me dévaloriser dans ma globalité sous prétexte que je vais évoluer dans l'avenir (- ce qui est le propre de tout être vivant). Tout au plus, cela peut m'inspirer un regard plus critique envers moi-même et plus ouvert envers les autres, en une sorte de doute constructif et libérateur. Je ne subis plus alors mes transformations et mes changements de perspective mais y participe activement et en toute conscience. Je veux bien être en marche, mais à mon pas… pas à celui de la haute finance et des intérêts composés d’un jeune homme trop pressé.