Page du 7 mars 2022, jour ultra...
Chaque weekend, nos écrans nous abreuvent de sport et de showbiz jusqu’à plus soif… Vous vous retrouvez invité à rendre un culte aux dernières idoles en vogue, encombrantes mais toujours jeunes et belles… c’est le même mécanisme qu’emploient les religions avec leurs statues de saints et de saintes richement colorées et dorées à l’or fin. Dans ces spectacles, il faut toujours défendre les forts en place contre les appétits des plus faibles en espérant que les petits l’emportent. Je m'identifie et je m'oublie dans cette communion, dans quelque-chose qui réussit et qui est plus grand que moi comme le paradis, qui peut m’apporter la joie que je ne sais plus retrouver seul. Le sport et le showbiz sont finalement très proches des religions…
Le showbiz ne fait que nous distraire avec ses fumées et ses paillettes tandis que le sport, dont les objectifs antiques étaient la préparation à la guerre (- on parle bien d’attaquants, de défenseurs, de gardiens, de parades, de ripostes, de victoires, de défaites…) vise aussi la dissipation encadrée des tensions internes à un groupe et la sélection acceptable par tous des plus forts. Le sport a indéniablement ses nobles vertus, mais depuis les stades grecs et les arènes romaines et sanglantes, il a traversé les temps en s'édulcorant tout en augmentant sa nuisibilité sociale en devenant toujours plus sport-spectacle de haut-niveau au mépris, comme il se doit, de la santé des nouveaux gladiateurs. Les héros qui auparavant se sacrifiaient pour se battre et faire le sale boulot à notre place comme les taureaux que les vaches envoient dans les arènes espagnoles, s’appellent dorénavant Benzema ou Ribéry et ont un QI d’huître. Le jeune Mbappé relève le niveau, mais il ne nous lâche pas d’une semelle car jamais ses balles hivernent. Une tempête de cris étouffe la raison des foules qui calme sa soif à leurs beaux bars. Les masses sont épileptiques devant les baballes qui roulent quand la bière mousse et coule à flot. Tout comme le réconfort confortable des religions, l’adrénaline du jeu et du combat peut provoquer une dépendance mortelle car le sport comme la guerre est une drogue dure presque aussi dangereuse que le tabac… (- heu, non, là, j’exagère !).
Les femmes testostéronées ne sont plus en reste, mais c’est encore une passion et une addiction très masculines : chaque équipe de mâles protège ses cages qu'elle doit conserver vierges, inviolées et tente de pénétrer voire de perforer la défense pour déflorer les buts adverses. Tout laisse à penser qu’ils sont atteints de priapisme sportif mais ils trouvent là un excellent exutoire pour éponger un excès de testostérone. Peut-être est-ce une réaction à l'évolution du statut actuel des femmes en pleine émancipation : cela les inquiète et le stade de foot est devenu pour les hommes l'espace refuge par excellence. Les pubs anglais et les bars franchouillards ne sont plus leurs chasses gardées, il ne leur reste pour un temps encore que les gradins des ultras où ils peuvent dire et hurler des choses qu'ils ne pourraient plus se permettre ailleurs. Ils y préservent le droit à l'excès verbal et gestuel, aux jets de canettes, aux bombes artisanales, aux insultes racistes ou sexistes, à la pure connerie, sans être jugé vulgaires ou taxés de machisme : comment un ballon pourrait-il leur faire la morale ?... et c’est toujours mieux que la guerre, la vraie…