Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 3 avril 2022, jour des déductions encadrées...

Denis Vallier
Page du 3 avril 2022, jour des déductions encadrées...

Nos écrans sont submergés d’avis tranchés invraisemblables, de prises de position ahurissantes, de propos dont la violence est parfois sans filtre. Énormément d’affirmations soutenues sur les réseaux sociaux ne sont que des déductions hasardeuses… en conséquence de quoi je suis de plus en plus partisan de subordonner l'emploi du "donc" à un examen au même titre que la conduite des véhicules automobiles. Un usage intempestif en est tout autant préjudiciable à la bonne marche de la société que les chauffards. Ces derniers temps j’ai écouté quelques croyants aux raisonnements de Jésuites… ils vous soutiennent mordicus qu’ailleurs, on ne sait où, en tout cas pas dans cet univers, règne la perfection, l’Absolu… Ils peuvent lui ériger des monuments et des statues même s’ils savent que l'Absolu ne saurait-être "représenté" comme le soulignent nos amis juifs et musulmans comme souvent réunis : selon eux, il est ce qui "EST" de toute éternité, et se traduit à nous, humains, sous l'apparence codée de notre monde relatif et infini. Si vous leur répondez que ce même monde se manifeste très différemment pour chacune des autres bestioles peuplant la Terre, ils ne vous écouteront pas. Pourtant, leur monde n'a rien à voir avec le nôtre, puisque certaines perçoivent les champs électriques ou magnétiques,  les autres les infra-rouges ou les ultra-violets, les infra-sons ou bien les ultra-sons. À chaque entendement particulier correspond un monde spécifique fort différent du nôtre, résultant de son organisation propre. Notre monde, notre temps, notre causalité sont les nôtres, mais n’ont rien d’absolus. Par exemple il n'y a pas de temps absolu : nous vivons dans des échelles de temps différentes que celle de l’éphémère ou de la tortue. Donc, l’Absolu, dont il nous saoulent, ils peuvent se le carrer où je pense mais malgré tout, je les écoute pour essayer de comprendre pourquoi ils ne m’écoutent pas…

Ce que je comprends, c’est que cela puisse poser de gros points d'interrogation à tous les saints Thomas : leur dire que le mur où ils se cognent, que ce qui se voit, ce qui peut être touché, goûté, senti n'est pas la réalité leur est irrecevable. Et ils rigoleront en vous ficelant sur un bûcher si vous rajoutez, que nous en élaborons une interprétation à partir d’illusions. Vous n’aurez même pas besoin de leur dire que leur "Réel absolu" est composé de particules aux comportement quantiques aléatoires qui défient tout bon sens commun… c’est vrai qu’il y a là de quoi faire douter les moins sceptiques. Le chemin est long pour parvenir à admettre le hasard du vide et la puissance des grands nombres sur des durées incommensurables comme principes directeurs de notre réalité… aussi long et même plus long que si je voulais convaincre un "primitif" que ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais la Terre qui tourne sur elle-même même quand il n’y a pas de vent… Si laborieux que c’en est décourageant, et pourtant, tout reste à dire de l’étrangeté du réel, même si la parole qui exprime ce qu’elle n’a jamais su exprimer demeure étrangère à elle-même. "Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, que n'en peut rêver toute la philosophie". Voilà pour une fois chez un auteur dramatique une intuition très juste, mais Shakespeare était un être d’exception.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires