Page du 30 avril 2022 jour hypocrite...

"Inquiète est la tête qui porte couronne" shaekespearait William… Si vous vous permettez de jeter en public à un ministre qui nous gouverne qu’il n’est qu’un valet à la solde d’un système mortifère aux mains d’une élite égoïste qui nous entraîne vers le gouffre, il sera fortement déstabilisé et puis ses automatismes de défense et ses éléments de langage reprendront le dessus…"Le premier qui dit la Vérité, il doit être exécuté…" chantait Guy Béart…  La vérité dérange, nous dérange, surtout quand elle peut nous coûter très cher… Fort heureusement, sur cette Terre des hommes (- faite encore pour un temps par et pour les hommes de sexe masculin), impossible de la faire taire très longtemps, elle finit toujours par s’exprimer même sous les pires dictatures… la Vérité est féminine… ça doit être pour ça qu'on la représente nue sortant du puits et qu’on la travestit si souvent. Mais, accouche-t-on de vérités ? Avorte-t-on de mensonges ? Bon, d’accord, elle n’est jamais vierge… ainsi la vérité n’est que ce que serait le plus beau mensonge. Bien maquillée, on s'en accommode bien mieux selon l'humeur du moment, et hop! on a l'impression d'avoir un vrai harem. J'te le dis, un homme et sa vérité, c'est une vraie vie de couple (- et cela va de soi, les femmes sont des hommes comme les autres)... L'hypocrisie et les cosmétiques sont les deux trucages qui permettent le bricolage d'une apparence viable et de cacher sournoisement sa personnalité. La vraie vie est tailleur comme aurait pu dire Pierre Dac… que ma vie soit donc tunique et que les mythes ne la mangent pas.

Les exemples d’hypocrisie encombrent nos livres d’Histoire : comme Charlemagne ou Saint-Louis et parmi tant d’autre, Jean de La Fontaine portait sur lui un cilice quand il est mort, c’est à dire une sorte de tunique ou de ceinture de crin ou même de pointes de métal  que l’on portait sur la peau afin de faire acte de mortification, ceci afin de mieux affirmer sa foi…et par la même occasion, de mieux se faire pardonner ses péchés de libertinage qui feraient passer Strauss-Kahn pour un enfant de chœur ! C’est quand même un comble pour un moraliste qui a donné des leçons à tous les écoliers depuis des siècles. Nous sommes tous des comédiens plus ou moins talentueux.

Et de nos jours, les prototypes d’hypocrites sont légions sur nos écrans… mais si de leur côté, les légionnaires en quête de rédemption ont aussi leurs mœurs, ils n’ont pas le même problème par rapport à la vérité mais ce n’est pas sans prix : en raison du régime de l'identité déclarée qui garantit leur anonymat, ils n'ont pas les mêmes droits que n'importe quel citoyen. Par exemple, ils ne peuvent pas acheter de voiture, se marier, ouvrir un compte en banque ou acheter une maison. Cela dure jusqu'à ce qu'il y ait un acte d'engagement sous leur identité enfin reconnue, ce qui prend au minimum trois ans. Entre temps, c’est la Légion et donc la société française qui assure hypocritement le relais dans cette sorte de no man’s land. C’est le prix à payer à la vérité pour bénéficier d’une des meilleures troupes du monde… Dans la tragicomédie qui nous occupe, nous anime, nous divertit, qui vient en premier : nous ou le personnage que nous jouons? Pourtant, la vérité ne se compare pas, elle est ou n'est pas.

Mais la conscience qui, dans cette mise en abyme shakespearienne, ressemble fortement à ces chiens qui tentent de s'attraper par la queue, obstinée dans ce jeu mégalomaniaque, ne saurait trouver de repos qu'en se défaisant définitivement de cette fascination sans issue. Sinon, il lui semblera toujours être en mesure, à la fois de voir et de savoir, ce qui reviendrait alors, à voir et se voir, en train de voir et donc aussi bien, de se voir en train de se voir, en train de ... à l’infini comme chez le coiffeur. C’est une occupation infernale et pourtant, peu d’entre nous y échappent à part quelques êtres d’exception… ainsi,  quand deux sages discutent sérieusement de la vérité sous un arbre, on entend seulement le vent dans les feuilles et les oiseaux répondant aux insectes…

Étrange légion étrangère...