Page du 15 mai 2022 jour de vérités...

Les commentaires sur Facebook ont remplacé les discussions de bar… "Bon sang mais reconnaissez-le, j’ai raison et vous avez tort !"… Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous éprouvons quelques difficultés à vivre harmonieusement ensemble, notre société grince de partout comme une vieille guimbarde. La tolérance des uns se fait laminer par l’intolérance des autres comme les vérités des uns se prennent de plein fouet celles des autres en pleine face. Il y aurait peut-être un moyen au niveau de chacun pour mettre un peu d’huile dans les rouages : la fermer au lieu de la ramener, mettre le doigt sur la bouche, taire sa vérité. Cela ne supprimerait pas le mal mais le cacherait comme le paracétamol. Mais cacher une vérité que l'on devrait exprimer pour le bien commun, est-ce mentir ? Taire une vérité que l'on n'est pas obligé de dire, est-ce également mentir ? Oui ? Non ? C’est toujours affaire de limites : quand et comment doit-on aux autres la vérité puisqu'on ne la doit pas toujours ? La vérité individuelle est la plupart du temps une chose indifférente, inintéressante et trop souvent plus un mal qu’un bien... Notre monde est si injuste…

Certes, dans la sphère commune idéale, justice, justesse et vérité devraient être des mots synonymes à prendre l'un pour l'autre, indifféremment, mais dans la réalité rien n’est parfait et on le sait que trop bien. Tout se réduit à une affaire de mesure et de bon sens pratique : si l’on ne sait pas prendre pour quantité négligeable les petites fautes, les faiblesses passagères sans importance des uns et des autres, on ne pourra jamais profiter pleinement des capacités et des qualités de l’autre (- surtout quand cet autre est ma femme...). Jankélévitch nous assurait à juste titre qu"une justice qui ne serait que juste serait comme une veste trop étroite"... Je ne vois qu’un seul balancier pour nous maintenir en équilibre : la bonne conscience de chacun… mais malheureusement elle est très mal partagée.