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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 16 mai 2022 jour de bonne conscience...

Denis Vallier
(Dessin de Pétillon)

(Dessin de Pétillon)

On s’émerveille de la beauté du monde, on s’étonne de sa complexité : elle nous pose questions… On ne fera jamais le tour de la question mais chacun s’en fera sa petite idée, des milliards de petites idées… Méfions-nous des idées, surtout celles qui nous paraissent évidentes. Un jour, un type arrive et vous dit qu’elles ne le sont pas pour lui, que l’on pourrait voir les choses différemment et il sème le trouble dans nos esprits. Ainsi par exemple, la fameuse relation de cause à effet qui nous semble si évidente et nous a guidé depuis des millénaires avant que Max Planck et sa Physique Quantique nous fassent douter …  Si on l’observe, elle est comparable à un arbre généalogique ou à un fleuve avec son réseau d'affluents principaux et secondaires, car un effet possède plusieurs causes, alors qu'une cause peut n'avoir aucun effet (- les causes inutiles vont entraîner une perte d'énergie qui est comparable au second principe de thermodynamique ou principe de Carnot). La relation cause-effet est en partie tout autant comparable à une fonction : un antécédent n’a qu’une seule image mais une image peut avoir plusieurs antécédents.

Ceci posé, une chose en entraînant une autre, chacun de nos actes multiplié par des milliards est ainsi la cause des événements futurs (- ils n'en sont pas les conditions suffisantes mais en sont les conditions nécessaires). Mais comme Etienne Klein dans son ouvrage "Les tactiques de Chronos" on peut trouver étonnant que les phénomènes microscopiques soient réversibles tandis que les phénomènes macroscopiques se montrent irréversibles… On a tendance spontanément à penser que le macroscopique est la résultante du microscopique… le monde n’est-il pas composé de toutes petites choses en relation ? Or comment des phénomènes irréversibles peuvent-ils être la résultante de phénomènes réversibles ? En s’acharnant sur cet exemple, une désobéissance à ce principe de bon sens peut se révéler productive : si à l’inverse, on admet que ce n'est pas le monde macroscopique qui est l'effet du monde microscopique mais l’inverse, on se retrouve dans un monde certes paradoxal, mais l’attelage gagne en cohérence… Comme en toute logique, on ne peut pas créer de l'irréversible avec du réversible, on conçoit alors que les phénomènes microscopiques (- réversibles) soient l'effet des phénomènes macroscopiques (- irréversibles). Cette inversion de point de vue nous laisserait ainsi à penser que la relation de cause à effet ne serait plus centrifuge mais centripète même si pour cela, il nous faut marcher sur la tête car je me doute bien que ce raisonnement est sans doute lui aussi biaisé…

La faculté et le courage de remettre en cause le consensuel et l'héréditaire fatalité de l'obscurantisme, tout ceci relève d'une philosophie personnelle, d'une expérience intime et donc, d'une conscience individuelle. Ainsi, pour vivre pleinement, il me faut être simplement en accord avec ma conscience même quand elle se montre paradoxale. Mais si c’est nécessaire, est-ce suffisant ? On peut également estimer que la vérité est cet idéal partageable vers lequel il faut tendre. En aucun cas, elle ne saurait se réduire alors en une conscience individuelle… elle ne saurait être la énième répétition de la phrase de Protagoras : "l'homme (- c’est-à-dire moi) est la mesure de toutes choses". Les vérités enfermées dans la solitude d'une conscience ne sont que du vent. La conscience donc, mais pas que : la raison aussi, pour limiter les dérives et le risque que ces pas de côté se regroupent à nouveau, pour éviter que le Bien prenne le pas sur la Justice, pour que l’Ordre moral n’écrase pas la Démocratie.

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