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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 23 mai 2022, jour de débat...

Denis Vallier
(Tableau de René Magritte - La reproduction interdite)

(Tableau de René Magritte - La reproduction interdite)

Les soi-disant débats qui polluent nos écrans ne sont que des mascarades. Ce qui est envisageable entre philosophes est impossible en politique : vous ne verrez jamais deux adversaires politiques se donner raison. Pourtant, ce ne serait pas absurde puisque tous les hommes et femmes politiques prétendent parler au nom de la raison… Comment deux personnes parlant au nom de la raison peuvent-elles nier toute raison à l’autre et ne jamais se convaincre l’une l’autre ? C’est parce que l’enjeu dans ce domaine, n’est pas d’avoir raison, mais d’avoir raison de l’autre. Ce n’est pas possible quand on est le fer de lance d’un corps électoral qui ne demande en vérité qu’à être convaincu par les idéaux auxquels il adhère déjà : logique ou pas, raison ou non, il ne comprendrait pas que son champion et avocat ne le défende pas.… C’est pourquoi en Démocratie, il n’y a pas de vrai débat.

Or, depuis Archimède qui avait eu l’idée de s’échapper de notre terre pour la faire bouger, la véritable force, la seule susceptible de faire levier sur le monde et de le faire bouger, c’est de savoir être convaincu, c’est-à-dire vaincu par l’autre, et réciproquement. Nous sommes notre pire ennemi, c’est bien connu… D'une part on souhaiterait que rien ne change et que tout se conforme, d'autre part, on voudrait se libérer de soi, pouvoir changer. La réponse à ce paradoxe ontologique, c'est l'oscillation : un mouvement oscillatoire entre stabilité et changement, être pour mieux devenir, et devenir pour mieux être. Aussi faisons-nous parfois la trêve : si nous sommes notre pire ennemi, nous pouvons aussi être notre meilleur allié. Comprendre et admettre que nous pourrions être tout autre que ce que nous sommes par ce que l'autre, cet autre nous-même, l'est. Voilà qui nous renvoie à une liberté pesante et pour le moins dérangeante. C’est peut-être là le véritable ennemi, "l'autre" qui déclare par son existence différente et parallèle un devenir, dont nous ne voudrions certes pas, mais qui reste dans le domaine du possible. À nous de choisir et l'ennemi n'est rien d'autre que ce choix, n'est rien d'autre que nous même… Notre liberté d'être est-elle bornée par nos choix ? S’anéantirait-elle aux frontières des non-être que nous aurions pu devenir dans des mondes parallèles ?

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