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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

page du 30 mai 2022, jour de silence...

Denis Vallier
page du 30 mai 2022, jour de silence...

Vous êtes-vous déjà retrouvé dans le vase clos d’une salle d’attente ou d’un ascenseur  en présence d’une personne totalement étrangère à qui vous n’avez strictement rien à dire ? De nos jours, les écouteurs et les masques nous isolent autant que les burqas, mais sans cela, vous perdez alors toute liberté d’expression, une gêne s’installe au fur et à mesure que le temps passe dans le silence : nous comblons les vides assourdissants, nous nous raclons la gorge, nous faisons du bruit comme si ce silence nous effrayait. L’un regarde sa montre et sifflote, l’autre vérifie ses messages sur son téléphone, on se sourit pudiquement en inclinant la tête et on attend que ça se passe durant ce qui nous semble une éternité… on use ainsi de toute une série d’artifices pour ne pas avoir à communiquer et c’est désagréable.

Il suffit alors d’un incident quelconque, d’une mouche qu’on entendait voler se heurtant à la vitre, pour que la glace se brise, que l’on se parle et que l’on se retrouve dans notre élément. Pourquoi suffit-il de quelques mots échangés pour qu’immédiatement la tension retombe ? Sans doute parce que se taire ne se fait pas avec n’importe qui, que cela demande une intimité entretenue de longue date, et que, coincés dans ce vase clos, nous étions obligés de nous taire sans avoir rien à nous raconter comme pour protéger en nous quelque chose de lourd à isoler des autres… et, à la seconde où un dialogue est entamé, cette tension déplaisante disparaît.

C’est bien la preuve que nos silences s’expriment et parfois même, très fort, ils disent bien plus de choses qu’on ne voudrait. Il nous faut donc choisir avec grand soin les personnes en face de qui on peut rester silencieux. Les vieux couples peuvent profiter pendant des heures du silence de l’autre, il raconte tant de chose… la simple présence de l’autre suffit, elle rend tout meilleur… Pérorer à tout va n’a jamais été un signe d’intelligence, c’est carrément une torture que l’on inflige… D’ailleurs, la minute de silence avant un match de foot est une communion insupportable pour les imbéciles : les douleurs muettes ne leur parlent guère… ils hurlent leur connerie dans les stades abasourdis et cela démontre bien que la connerie sans limite est un isolant remarquable. À proprement parler, les abrutis ne hurlent pas : on pourrait dire à la rigueur qu’ils émettent des grognements d’ours si ce n’était insulter les ours…

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